Nord-Kivu : des journalistes en danger dans la ville de Goma
Deux présumés auteurs du meurtre d’Edmond Bahati, coordinateur de la radio Maria-Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu ont été présentés à la presse par le service de renseignements militaires, ce lundi. Dans cette ville touristique de l’est du Congo, les confrères sont visés par des attaques des hommes armés. Ils appellent les autorités locales et responsables de la sécurité à « nous protéger ». (SOS Médias Burundi)
Dieu Aimé Bauma, chauffeur de tricycle en ville de Goma est passé aux aveux en indiquant qu’il avait collaboré avec un certain Elisha Hemedi alias Mamadou, à cause d’un conflit impliquant le défunt Edmond Bahati.
Le maire de la ville de Goma, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin, a signalé que « les présumés assassins déjà aux arrêts vont être dans l’urgence déférés devant la justice ».
Le porte-parole de la 34ᵉ région militaire, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko a évoqué « tout l’engagement des autorités qui gèrent la province du Nord-Kivu sous état de siège, de voir ce crime sanctionné ».
Edmond Bahati, la quarantaine, a été assassiné dans la soirée du 27 septembre dernier alors qu’il retournait à son domicile, dans le quartier Ndosho en commune de Karisimbi, dans la ville de Goma.
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Les suspects se sont échappés en utilisant une moto après le crime.
Selon les informations recueillies auprès de certains collègues de la victime, Edmond Bahati avait passé toute la journée de vendredi à son bureau. Il n’avait jamais fait part d’une quelconque menace à son endroit.
Des journalistes menacés
Dans la nuit de ce mardi à mercredi, Gabriel Kashugushu, responsable du média en ligne « Les Volcans News », a été victime d’un cambriolage.
Des bandits armés ont fait irruption dans son domicile, emportant des biens de valeur et du matériel de travail indispensable à l’exercice de son métier de journaliste.
Ces incidents viennent s’ajouter à une série d’attaques visant les journalistes à Goma.
Ils soulèvent de vives inquiétudes quant à la sécurité des professionnels des médias dans cette région où sévissent plusieurs dizaines de milices accusées d’exactions quotidiennes.
« […] Les voleurs (bandits armés) n’ont pas choisi leur cible au hasard. En emportant les caméras de Gabriel Kashugushu, ils ont directement porté atteinte à sa capacité à produire du contenu et à informer les habitants de Goma », insiste un professionnel des médias local.
« Ce vol ciblé laisse présager d’une volonté de museler la presse et de limiter la diffusion de l’information », clame-t-il.
Les menaces de mort qui pèsent sur Philippe Birego
Le journaliste de la radio UB FM de Goma reçoit des menaces qui s’intensifient fréquemment.
Depuis près d’une semaine, il est la cible d’intimidations.
Cette escalade de violences survient dans un contexte sécuritaire déjà très tendu dans le chef-lieu du Nord-Kivu.
Quelques jours auparavant, des individus non identifiés avaient cambriolé son domicile, emportant l’essentiel de ses biens.
Les menaces de mort qui ont suivi portent à croire que ces deux événements sont liés.
L’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), section du Nord-Kivu, condamne fermement ces agissements et appelle les autorités à garantir la sécurité des journalistes et de l’ensemble de la population.
« L’UNPC… condamne les menaces que reçoit le journaliste Philippe Birego de UB FM. Elle demande aux autorités d’assurer la sécurité de journalistes en particulier, et de toute la population en général. Le journalisme n’est pas un crime »; peut-on lire sur son compte X (Anciennement Twitter).
Ces attaques répétées contre les journalistes à Goma sont une atteinte grave à la liberté d’expression et soulignent la nécessité d’une protection accrue de ceux qui informent la population, estime l’organisation.
La ville de Goma, en proie à une insécurité grandissante, voit chaque jour de nouveaux drames se dérouler.
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Photo : assis par terre, les deux présumés auteurs du meurtre d’Edmond Bahati présentés à la presse par les services congolais © SOS Médias Burundi
