Kalehe : les déplacés Hutus congolais vivent dans des conditions insupportables

Plus de 7 000 déplacés Hutus congolais sont installés à Nyabibwe sur le territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ils manquent de tout dans ce campement. Les autorités locales n’ont aucune solution à cette situation. (SOS Médias Burundi)
Originaires de la province voisine du Nord-Kivu, ces déplacés Hutus congolais ont fui l’insécurité qui prévaut dans cette région de l’est du Congo suite aux combats entre l’armée régulière et le groupe armé M23.
Des familles entières vivent dans des huttes, sous des arbres ou dorment à la belle étoile.
Jeannette. N est une mère de cinq enfants. Elle a quitté la zone de Kaluba située sur le territoire de Masisi dans le Nord-Kivu, en février 2024. Elle a fui les hostilités entre les militaires congolais appuyés par la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) et les milices locales entretenues par les autorités congolaises, et le M23. Elle déplore le manque d’assistance auquel les occupants de Nyabibwe sont confrontés, malgré la présence de plusieurs ONG.
“Depuis que nous sommes arrivés ici ,nous n’avons reçu aucune aide humanitaire et pourtant ici à Kalehe nous voyons beaucoup d’ONG”, se plaint-elle.
Ces déplacés Hutus congolais déplorent qu’en plus du manque d’aide alimentaire, ils n’ont pas d’eau potable, encore moins de toilettes.
Les déplacés de Nyabibwe sont répartis dans 877 foyers. Lorsqu’il pleut, ils sont exposés aux intempéries. La vie dans le site est tellement dure, disent des déplacés, que certaines femmes sont contraintes de se prostituer pour nourrir leurs enfants et des hommes d’aller voler dans les champs de la communauté locale.
« Il y en a parmi nous qui sont emprisonnés », indiquent des déplacés de Nyabibwe, parlant d’une situation très regrettable.

A Kalehe, les tribus qui y dominent sont notamment les Bahavu et les Batembo. Les déplacés Hutus congolais leur reprochent de « ne pas vouloir nous voir chez eux ».
« Ils veulent nous chasser pour que nous retournions chez nous à Masisi ,ce qui reviendrait à un suicide pour nous », disent-ils.
Les autorités locales ont organisé le 26 septembre dernier, une réunion de sécurité pour essayer de trouver des solutions à cette situation, en vain.
Le président congolais Félix Tshisekedi a dit à l’Assemblée générale des Nations-Unies le 25 septembre dernier que près de 7 millions d’habitants ont fui leur ménage depuis la résurgence du M23. Il a parlé d' »une crise humanitaire sans précédent « .
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants. Ces derniers contrôlent une majeure partie de la province du Nord-Kivu depuis, dont la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda.
Les autorités congolaises restent persuadées qu’il bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.
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Photo : des huttes installées dans le site de Nyabibwe non loin des maisons des membres de la communauté locale, septembre 2024 © SOS Médias Burundi