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Tanzanie : les diplomates occidentaux et américains en visite dans les camps de réfugiés burundais menacés d’expulsion

Cinq ambassadeurs européens, celui du Japon et des USA en Tanzanie, se sont rendus dans les camps de Nyarugusu et Nduta situés dans le nord-ouest de la Tanzanie au début de cette semaine. Les réfugiés burundais ont exhorté ces grands financiers du HCR à plaider pour la suspension du plan de fermeture de leurs camps d’ici la fin de l’année.

INFO SOS Médias Burundi

Il s’agit des ambassadeurs de l’Union européenne, de Belgique, du Royaume-Uni, de France, d’Irlande, du Japon et des USA.

La visite de ces délégations a débuté au camp de Nyarugusu mardi, pour enfin se terminer au camp de Nduta, le jour suivant.

Ces diplomates ont visité des stocks de vivres, des hôpitaux, différents projets des humanitaires et se sont entretenus avec des officiels et représentants des réfugiés burundais.

Nyarugusu

D’après nos sources, le secrétaire permanent au ministère de l’intérieur en Tanzanie, le célèbre Sudi Mwakibasi, a rassuré ces diplomates que « le rapatriement libre et volontaire suit son cours normal ».

Ces propos ont été mal jugés et contrariés par les représentants des réfugiés au camp de Nyarugusu.

« Nous y sommes contraints, forcés sans aucune volonté , pas de choix d’y résister. Ceux qui tentent de s’y opposer risquent leur vie », a vigoureusement dénoncé le représentant des réfugiés au camp de Nyarugusu, ajoutant aussi que « je mets ma vie en danger moi-même, en prononçant ce discours».

Et de plaider par des exemples concrets.

« Écoles, hôpitaux et églises fermés, agriculture bannie, champs de culture coupés et détruits, certificats de naissance et de mariage suspendus, rhétoriques discours qui nous appellent à rentrer avant la fermeture des camps en décembre prochain,… la liste est longue ».


Il a été épaulé par ses collègues, administratifs locaux.

Elizabetta Pietrobon et Christine Grau, cheffes de la délégation européenne au Burundi et en Tanzanie ( SOS Médias Burundi)


Ils ont par la suite exhorté ces diplomates à plaider pour la suspension de ce « mauvais plan, en violation des droits des réfugiés » pour ceux qui ne se sentent pas encore en sécurité, une fois retournés au Burundi.

Ces réfugiés ont cependant encouragé « ceux qui trouvent que la cause de leur fuite n’est plus une réalité », à « se presser pour rentrer ».

Les diplomates ont « pris note mais ne se sont pas prononcés », apprend-on.

Nduta

Conséquence de la libre prise de parole à Nyarugusu, au camp de Nduta cette délégation n’a rencontré aucun réfugié ni représentant.

« C’est sûr que le ministère de l’intérieur tanzanien n’a pas apprécié ce qui s’est passé à Nyarugusu et aurait voulu éviter que les mêmes doléances et griefs soient soulevés », analysent des réfugiés à Nduta qui affirment qu’ils attendaient impatiemment cette délégation.

Des réfugiées burundaises dansent en accueillant les ambassadeurs au camp de Nyarugusu, le 24 septembre 2024 ( SOS Médias Burundi)

Justement, à Nduta, la visite n’a pas duré, d’après des réfugiés burundais.

Nouveau projet d’appui aux réfugiés et rapatriés…

Ces diplomates ont procédé aussi au lancement à Kasulu dans la région de Kigoma d’un projet sur « la réponse intégrée transfrontalière en Tanzanie et au Burundi ». Des délégations en provenance du Burundi étaient présentes.

Ledit projet permettra aux réfugiés burundais de « recevoir une formation qualifiante surtout pour les handicapés ainsi que des documents de l’état civil ». L’exécution dudit projet se fait d’abord aux camps de réfugiés en Tanzanie puis dans les communes d’accueil au Burundi pour les rapatriés.

Il est financé par l’UE, le Japon, les États-Unis et le Royaume-Uni à hauteur de 8 millions d’euros, et s’étend jusqu’en 2027. Il soutiendra plus 338.000 réfugiés burundais dans les camps de Nyarugusu et Nduta, ainsi que les communautés d’accueil dans la région de Kigoma en Tanzanie.

L’initiative est décrite comme « louable et résiliente » par le HCR en Tanzanie.

Le second- de droite à gauche, Sudi Mwakibasi, avec d’autres membres de la délégation s’apprêtent à aller lancer le projet d’appui aux réfugiés et rapatriés burundais ( SOS Médias Burundi)


« Pour les réfugiés burundais rapatriés, les compétences acquises en Tanzanie les aideront à se réintégrer et à s’adapter à leur pays d’origine, car ils auront l’occasion d’utiliser leurs compétences et de former des membres de leur communauté afin de contribuer au renforcement de leur communauté d’origine », a déclaré Hussain Anjum, représentant adjoint du HCR en Tanzanie.

Le projet aidera les rapatriés au Burundi à accéder aux documents d’état civil essentiels, à réintégrer le système éducatif local et à reconnaître les certificats de formation professionnelle obtenus en Tanzanie.

Selon les données du HCR-Burundi, depuis le début de l’exercice de rapatriement volontaire en septembre 2017, plus de 177. 000 réfugiés sont rentrés au Burundi depuis la Tanzanie.

À la fin du mois d’août 2024, plus de 257. 000 Burundais environ étaient toujours en exil dont plus de 104.000 hébergés par la Tanzanie.