Nduta (Tanzanie) : l’année scolaire commence mal

Trois semaines après la rentrée scolaire au camp de Nduta en Tanzanie, élèves, écoliers et enseignants n’ont pas encore eu de matériels scolaire et didactique. Les réfugiés y voient une autre stratégie de les forcer au rapatriement.
INFO SOS Médias Burundi
Au camp de Nduta, les établissements scolaires ont deux ONG-tutelles différentes: l’IRC ( International Refugee Committee) en général et Save the Children-ce dernier donne un appui pour le cycle inférieur. Ce sont les deux ONG qui sont sensées organiser et superviser l’enseignement des enfants réfugiés.
Une nuance qui n’est pas des moindres : l’IRC est gérée uniquement par des Tanzaniens.
Et, de ce fait, le manque de matériels scolaire et didactique se fait sentir dans six écoles gérées par l’IRC.
Simple coïncidence ? « Non », répondent des réfugiés burundais.
“Pas de cahiers d’élèves, pas de livres de maîtres, pas de craies,…dans ces établissements c’est le chaos”, s’inquiètent des enseignants.
L’IRC explique qu’elle n’a pas encore eu de permission pour l’importation de ce matériel, ce qui ne convainc pas les parents et enseignants. C’est au moment où, du côté de Save the Children, ce problème n’est absolumen pas posé.
“Pourquoi chez Save the Children, les enfants et les élèves ont reçu tout le matériel? D’où est venue cette soi-disante permission? » s’interrogent des parents qui trouvent une autre explication.
“Tout simplement, ils veulent nous forcer à rentrer chez nous! Et ils le disent clairement, se vantant que les Tanzaniens ont une main mise sur l’IRC”, laissent-ils entendre.
Changement d’école refusé
Quand un élève veut quitter un établissement de l’IRC pour se rendre chez une école sous la supervision de Save the Children, le transfert devient très compliqué.
“Save the Children exige une attestation de fréquentation. Alors tous les directeurs chez les établissements de l’IRC ont reçu des injonctions de ne plus octroyer ce document”, déplorent des enseignants qui maîtrisent le dossier.
“Moi on m’a dit que si je veux que mon enfant suive une formation de qualité, je dois rentrer chez moi au Burundi où le pays a tout prévu pour scolariser nos enfants. Alors, j’ai vite compris que c’est un plan bien préparé…”, témoigne un réfugié burundais qui a des enfants dans une école gérée par l’IRC.
Un enseignant de l’une des quatre écoles gérées par Save the Children a indiqué que cette ONG est soutenue par l’ambassade des USA et qu’il y a des missions de suivi pour contrôler que tout le financement arrive aux bénéficiaires et qu’il est utilisé convenablement.
“Les Tanzaniens n’ont pas de main mise sur nous et d’ailleurs nous sommes bien payés que les autres”, fait-il savoir.
Une autre inquiétude des parents est que les conditions d’hygiène laissent à désirer dans les établissements gérés par l’IRC. “L’eau est coupée, les latrines sont bouchées, …nous craignons pour la santé de nos enfants”, indiquent-ils.
Le comité des parents s’est réuni. Il a adressé un mémorandum aux responsables de l’enseignement au camp de Nduta mais rien n’est encore fait.
Enseignants, parents et réfugiés en général demandent au HCR de “ne pas fermer les yeux devant les violations des droits des réfugiés dans tous les domaines ».
Nduta abrite plus de 58.000 réfugiés burundais.
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Des élèves dans une cour d’une école d’enfants réfugiés burundais à Nduta( SOS Médias Burundi)