Il est rapporté des incendies qui ravagent de vastes étendues de boisements dans les localités du sud du Burundi depuis le mois d’août. Des habitants soupçonnent des gens mal intentionnés qui déclenchent ces feux. Des administratifs locaux collaborent avec des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) pour soutirer de l’argent aux propriétaires du bétail qui tentent de faire paître leurs troupeaux dans les prairies qui repoussent.

INFO SOS Médias Burundi

Ces incendies se sont surtout multipliés dans
les provinces Makamba et Bururi (sud) et Rumonge (sud-ouest).

« Des plantations d’arbres de toutes sortes prennent feu d’un coup. Il est difficile d’éteindre un feu pendant l’été sous un soleil ardent. Les herbes et les branches d’arbres sont secs. Le feu est intense et va si vite », rapportent des habitants dépités.

Des sources locales indiquent que les boisements visés sont tant privés que publics.

« J’ai assisté impuissamment à une calcination de mes hectares de boisement. J’en pleure parce que le projet m’a coûté très cher. C’était un investissement rentable. Je comptais en tirer des millions dans quelques jours à venir. Mais mon investissement est parti en fumée », déplore un habitant de Bururi.

Comme à Makamba et Rumonge, les incendies semblent etre déclenchés par des criminels, selon des habitants.

« Ce qui est bizarre, c’est qu’après l’incendie, des Imbonerakure sont actifs à contrôler la surface brûlée. Ils surveillent surtout les éleveurs qui tentent d’y faire paître leur bétail dans la repousse », disent-ils.

Et de poursuivre que « quand ils t’attrapent, c’est la fête chez-eux. Ils se moquent de l’éleveur en disant qu’un bon poisson est tombé dans leur filet. Là, tu dois payer jusqu’à 100 000 francs burundais par bête. Et si tu demandes pardon, ils allègent un peu et tu paies sans quittance. Ainsi, l’argent est partagé par des Imbonerakure et certains administratifs locaux ».

Des élus à la base sont accusés même de se vanter que « mes caisses vont gonfler avec cette situation ». C’est le cas d’un élu collinaire de Gisanze en commune et province Bururi. Nous n’avons pas réussi à le joindre pour son droit de réponse aux allégations qui lui sont imputées.

Dans les différentes localités, des habitants soupçonnent des incendies déclenchées sciemment par des individus pour créer une situation de collecte d’argent.

Ils demandent à l’autorité judiciaire et à la hiérarchie administrative de mener des enquêtes approfondies pour connaître les circonstances et démasquer les auteurs des incendies.

Depuis août, plusieurs milliers d’hectares de boisements ont été consumés par les incendies, selon des fonctionnaires du ministère de l’Environnement basés au sud du pays.

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Une partie d’un boisement ravagé par un incendie dans le sud-ouest du Burundi, septembre 2024