Meheba (Zambie) : une équivalence de diplômes qui ne satisfait pas
L’Unesco, en collaboration avec le HCR et le ministère zambien de l’Education, ont entamé un projet de reconnaissance de diplômes des réfugiés. Cette initiative est sensée ouvrir des horizons aux détenteurs de diplômes reconnus. Cependant, les bénéficiaires relèvent plusieurs irrégularités. (SOS Médias Burundi)
L’équivalence est appelée « Passeport de qualification ».
Trois promotions ont déjà eu leur équivalence de diplômes universitaires, des humanités générales, pédagogiques et techniques ou encore de tronc commun. Au camp pilote de Meheba, au moins 100 lauréats ont été qualifiés par une commission d’étude de dossiers de ce programme qui a débuté en 2019 en Zambie.
Mais au cours d’une séance de sensibilisation au camp de Meheba, des réfugiés ont estimé que ces résultats ne sont pas satisfaisants sur une population de plus de 100 000 personnes (dont plus de 10 000 Burundais) qui habitent dans les camps de Mantapala, Meheba et Mayukwayukwa, ainsi que les réfugiés urbains de Lusaka, la capitale zambienne.
L’objectif, selon la commission composée par l’Unesco, le HCR et le ministère zambien de l’Education, est de donner la chance aux diplômés d’exploiter leurs compétences soit sur le marché du travail en Zambie ou, éventuellement, dans le 3e pays d’accueil, pour ceux qui pourraient bénéficier d’une réinstallation. Pour d’autres, ils pourront utiliser ce « Passeport de qualification » pour poursuivre leurs études secondaires et universitaires.
D’après nos sources, la commission doit mener des investigations dans les pays dont les réfugiés sont originaires pour s’assurer de l’authenticité des documents qui constituent le dossier soumis.
C’est là alors que naissent beaucoup de défis.
Pour certains, ils ont fui sans avoir sur eux leurs diplômes et bulletins. Pour d’autres, « les pays qu’ils ont fui sont réticents ou peuvent même fournir de fausses informations sur quelqu’un pour anéantir son avenir ».
Et, ajoutent des réfugiés, les diplômes qui sont retenus ne sont que ceux délivrés avant cinq ans. « Alors, plusieurs d’entre nous viennent de passer plus de dix ans en exil, ce qui veut dire que nous ne sommes plus éligibles ».
En plus des séances de sensibilisation, les réfugiés demandent que les critères de sélection soient revus et allégés pour donner la chance à un plus grand nombre.
Pire encore, le « Passeport de qualification » a une validité de seulement cinq ans. « Il est fort probable que cette durée puisse expirer avant que le détenteur de l’équivalence ne l’utilise nulle part. Pourquoi ne pas lui donner une plus longue durée de vie ? » Interrogent-ils.
Toutefois, l’Unesco n’est pas de cet avis. Ses représentants donnent l’exemple d’un réfugié congolais qui vient d’avoir une chance de faire son master en Italie. Dans une séance de sensibilisation au camp de Meheba, ils ont demandé plutôt aux réfugiés de saisir cette opportunité qui leur est offerte.
Tout en saluant cette initiative des humanitaires en Zambie, des réfugiés suggèrent plutôt qu’il y ait des programmes de formation entrepreneuriale, technique, professionnelle ou artistique pour que ceux qui le souhaitent puissent acquérir des connaissances compétitives sur le marché du travail en Zambie.
Meheba compte plus de 35.000 réfugiés dont plus de 3 mille Burundais.
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Photo : des réfugiés composés par des femmes pour la plupart et leurs enfants devant une structure sanitaire à Meheba © SOS Médias Burundi
