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Bururi-Rumonge : les résidents qui n’ont pas donné les contributions forcées du CNDD-FDD n’ont pas droit au sucre

Dans des communes des provinces de Bururi et Rumonge au sud-ouest du Burundi, les résidents se plaignent. Depuis le 26 août dernier, les ménages et commerçants locaux qui ne se sont pas acquittés des récentes contributions  » forcées  » du CNDD-FDD n’ont pas droit au sucre. Ils sont menacés de perdre le droit d’avoir accès à des services publics dans l’ensemble. Les concernés dénoncent des mesures « arbitraires ».

INFO SOS Médias Burundi

Les témoignages que SOS Médias Burundi a recueillis concernent les communes de Rutovu et Songa ( province de Bururi-sud) et celle de Rumonge en province de Rumonge ( sud-ouest).

 » Pour avoir ne fusse qu’un seul Kg de sucre, tu dois montrer le reçu attestant que tu as payé la contribution du CNDD-FDD. C’est absurde « , déplore un habitant de la commune de Rutovu.

Dans cette commune, plusieurs habitants affirment avoir été contraints de contribuer ou donner des pots-de-vin pour  » être tranquilles ».

 » J’ai dû payer pour protéger mes activités. Les Imbonerakure et les responsables du CNDD-FDD menaçaient de fermer mon bistrot et ma boutique », dit un commerçant.

 » Je ne suis pas membre du CNDD-FDD, mais j’ai été contraint de le faire car j’ai une famille qui dépend de moi et ce commerce est ma seule source de revenus ».

Ce père de famille regrette que  » les autorités administratives qui devaient nous protéger sont des militants du CNDD-FDD. Elles participent malheureusement, à la collecte de ces contributions comme les Imbonerakure ».

Dans le chef-lieu de Rutovu, même les membres du parti présidentiel doivent se munir d’un reçu qui montre qu’ils ont contribué pour  » avoir accès au sucre ».

 » Les Imbonerakure sont postés partout sur les points de distribution du sucre. Personne n’est épargné par leur contrôle », disent des résidents qui ont été victimes de la pratique.

À Rutovu, les représentants du parti au pouvoir et les membres de la ligue de ses jeunes ont averti les récalcitrants aux contributions : des contrôles réguliers vont être organisés sur les routes principales qui relient la commune à d’autres régions pour ne laisser passer que les personnes qui ont une preuve de s’être acquittées des récentes contributions destinées à la campagne du CNDD-FDD comptant pour les législatives de l’an prochain.

Toujours à Bururi, en commune de Songa, des habitants subissent le même sort que leurs pairs de Rutovu. Même l’accès aux marchés est conditionné par le paiement de ces contributions. Les témoignages que SOS Médias Burundi a recueillis concernent le marché de Manyoni.

 » Ce sont surtout les militants des autres partis politiques et les habitants qui ne militent pour aucune formation politique qui sont visés », disent nos sources. « Nous sommes menacés d’être privés d’accès aux services publics dans l’ensemble ».

En province de Rumonge surtout au chef-lieu de province, pour se retrouver sur la liste des bénéficiaires du sucre, chaque résident doit exhiber le reçu qui confirme qu’il a contribué ou  » donner l’argent  » le même jour de la distribution du sucre. Là aussi, des témoins affirment que les Imbonerakure et les responsables administratifs se déploient dans tous les quartiers pour « s’assurer que chaque citoyen a donné ».

 » Aucune dérogation n’est acceptable », selon des témoins.

 » Toute personne qui ose demander des clarifications est taxée d’être subversive », déplorent des pères de famille.  » Il n’y a aucune différence entre le CNDD-FDD et l’État », répondent des responsables administratifs à la base, à de rares fonctionnaires qui osent  » poser des questions ».

Des conducteurs de taxi vélo transportent du sucre dans une rue de Gatumba non loin de la frontière avec la RDC( SOS Médias Burundi)

À Rumonge, des habitants dénoncent  » un silence complice du gouvernement burundais  » et lui demandent d’agir.

Dans la petite nation de l’Afrique de l’est, il s’observe une pénurie de sucre ces dernières années, pourtant produit localement, s’accompagnant de spéculations sur sa probable vente en RDC (République démocratique du Congo) voisine où l’offre est très intéressante, car vendu en USD. Pour essayer de donner la chance à tous les habitants qui le peuvent d’avoir accès au sucre, la distribution de  » cette denrée très rare » se fait en présence des autorités administratives à la base. Ce sont elles qui dressent en même temps les listes des ménages. La quantité réservée à chaque ménage dépend de sa taille. Déjà dans beaucoup de régions, les militants des partis d’opposition surtout les membres du CNL, la principale formation politique de l’opposition ne cessent de dénoncer les exclusions dont ils sont souvent victimes lors de l’élaboration de ces listes.

Sur l’ensemble du territoire burundais, les Imbonerakure, les représentants administratifs issus du CNDD-FDD pour la plupart ainsi que les responsables locaux de l’ancienne rébellion Hutu continuent de percevoir des cotisations forcées auprès des ménages et commerçants, ont remarqué des reporters SOS Médias Burundi.

Mais, une circulaire du secrétaire général du parti au pouvoir sortie le 18 août dernier à cette fin fixait la fin de la collecte au 29 août.

Des partis politiques d’opposition ont récemment demandé à leurs partisans de  » résister à ces contributions  » et exigé des ministères en charge de la justice et des affaires intérieures dont les gestionnaires sont issus du CNDD-FDD de  » mettre fin à cette violation des droits des citoyens et des lois burundaises ». Les deux ministères n’ont pas encore réagi. La note du patron du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo parlait de  » contributions volontaires qui doivent être données par les militants du CNDD-FDD et ses sympathisants seulement ».

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Un reçu des contributions forcées du CNDD-FDD donné à des résidents de la commune de Rutovu, DR