Makamba : refus d’harmonisation des salaires par l’autorité provinciale sanitaire, des employés dénoncent un détournement de fonds
Cela fait plus de deux ans que les responsables sanitaires dans la province Makamba (sud du Burundi) rechignent à harmoniser les salaires du secteur sanitaire, alors que le ministère de la Santé a donné l’injonction de cette harmonisation à la suite de la signature d’une ordonnance y relative.Le personnel accuse l’autorité provinciale et les responsables de la santé de détourner énormément de fonds y relatifs. (SOS Médias Burundi)
Selon nos sources, cela fait plus de deux ans que le ministère de la Santé a ordonné l’harmonisation des salaires, en vain.
« L’ordonnance exige aux médecins directeurs des bureaux provinciaux l’harmonisation des salaires pour le personnel à niveau égal. Mais à Makamba, cela n’a jamais été exécuté », se plaignent des salariés de ce domaine qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Selon les agents, l’autorité provinciale de la santé affiche un manque évident de volonté, qui s’accompagne par un détournement de fonds.
« Ils ne se contentent que du partage des primes qui sont calculées sur base de la performance. Mais cela n’est pourtant possible que si nous avons bien travaillé et satisfait les clients qui sont les malades », dénoncent des infirmiers qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
D’après nos sources, l’harmonisation des salaires est surtout réclamée par le personnel soignant, c’est-à-dire les infirmiers, les techniciens de niveau A1, les licenciés ou des médecins, le personnel d’appui, dont les gestionnaires de centres de santé, et le personnel technique comme les électriciens, chauffeurs et autres.
« Tout employé de notre secteur à niveau égal doit toucher le même salaire que les salariés de la fonction publique ou contractuel », expliquent-elles.
Nos sources affirment que les responsables se font énormément d’argent sur leur dos en retardant l’application de l’ordonnance ministérielle.
« Ailleurs, un infirmier touche 280 mille francs burundais ou plus par mois au moment où le salaire n’est que de 180 mille à Makamba. Voyez-vous cette différence pour des enfants d’une même nation? On ne peut pas l’accepter! », fulminent-ils.
Des syndicats trop silencieux
Des syndicats du personnel de la santé dans la province sont restés cois face à cette situation. Ils sont soupçonnés d’être de connivence avec les responsables sanitaires dans la non application de l’ordonnance du ministère.
Contactés, les responsables sanitaires expliquent que « certaines structures ne sont pas en mesure d’exécuter cette ordonnance suite au manque de moyens ».
Nos sources rejettent les explications en soulignant que « ces arguments ne tiennent pas. C’est plutôt un détournement de fonds organisé parce que la situation est la même dans des structures sanitaires sous convention, réputés d’avoir des moyens suffisants ».
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Photo : un agent de santé en train de prélever du sang destiné à des structures sanitaires au Burundi lors d’une campagne de don de sang © SOS Médias Burundi
