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Kayanza : contributions forcées exigées par le parti CNDD-FDD

En province Kayanza au nord du Burundi, la population est contrainte de contribuer de force au financement de la campagne électorale du parti présidentiel, comptant pour les législatives de 2025.Chaque ménage doit tout au moins donner entre 2000 et 5000 francs burundais. (SOS Médias Burundi)

La contribution est destinée à la campagne pour les prochaines élections législatives.

Le parti au pouvoir exige de la population du centre urbain de Kayanza par exemple une somme allant de 2000 à 5000 francs burundais pour les simples fonctionnaires ou d’autres personnes aux moyens modestes.

Selon nos sources au centre de Kayanza, cette opération de collecte forcée touche tout le monde : ménages, boutiques, magasins, bistrots mais aussi des passants.

Les responsables administratifs accompagnent des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) pour la collecte.

Les mêmes sources au sein de la population qui dit être victime de cet acte forcé font savoir que cette opération a été organisée par le parti présidentiel car les reçus donnés à ceux qui ont contribué sont estampillés CNDD-FDD.

« Nous avons été surpris de voir que les reçus sont du CNDD-FDD alors qu’on nous disait que cette contribution est destinée au soutien des prochaines élections », regrette un commerçant de Kirema au centre de Kayanza.

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Autre chose qui a surpris tout le monde, y compris des militants de ce parti, c’est de voir comment un individu qui donne une contribution de moins de 2000 francs n’obtient pas de reçu alors que sur ce dernier, il est mentionné une somme de 1000 francs.

« Sur la quittance qu’on nous a donné, c’est mentionné 1000 alors que j’ai donné 5000 fracs, tout comme mon voisin. Chacun a donné 5000 mais la quittance est de 1000. Nous nous demandons où va cette somme », s’est questionné le commerçant.

Selon des témoins, les grands commerçants contribuent en termes de dizaines de mille, d’autres préfèrent eux-mêmes acheminer leurs contributions sur les comptes du parti.

Les hauts cadres de l’Etat nommés par décret eux, doivent verser des centaines de milliers de francs, selon certains fonctionnaires de Kayanza.

« Je connais un élu du CNDD-FDD qui a donné 300 000 francs. Un autre haut fonctionnaire a été contraint de donner 500 000 francs », nous a fait savoir un fonctionnaire membre du parti au pouvoir.

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La contribution n’épargne personne. Ceux qui refusent de contribuer sont mis sur une liste.

« Nous sommes surpris d’être rançonnés alors que nous ne sommes pas de ce parti. Or, nous allons également contribuer au sein de nos propres partis », déplore un militant de l’UPRONA.

Selon des sources locales, certains partisans du CNL, le principal parti d’opposition se sont opposés à cette mesure.

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Les élus collinaires du parti CNDD-FDD ont dressé une liste des récalcitrants tout en menaçant toute personne qui ne se soumet pas à cette exigence.

« Vous n’avez pas de place ici, attendez vous allez voir », ont crié les Bagumyabanga (nom attribué aux militants du CNDD-FDD) à toute personne ne voulant pas donner la contribution.

La population de Kayanza signale qu’elle est fatiguée par des contributions et cotisations forcées en faveur du parti présidentiel qui ne font qu’aggraver la pauvreté.

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Photo d’archives : les membres et sympathisants du parti CNDD-FDD à Bugendana dans le centre du Burundi lors du lancement de la campagne électorale de mai 2020 © SOS Médias Burundi