Bujumbura : la cherté de la vie affecte négativement l’allaitement
De nombreuses femmes enceintes et allaitantes rencontrées en août 2024 dans les quartiers du nord de la ville de Bujumbura comme Mutakura, Buterere, Ngagara et Cibitoke disent ne pas manger à leur faim pour pouvoir bien allaiter leurs bébés. Elles affirment faire face à une situation de pauvreté accrue et de cherté de la vie sans précédent. (SOS Médias Burundi)
Une mère se plaint.
« On a dit hier que le Burundi est un pays pauvre, mais aujourd’hui, on peut dire que c’est un pays très très pauvre…. », ce sont des propos d’une mère d’un nourrisson d’un mois qui habite à Buterere et qui n’arrive pas à avoir le lait maternel pour son bébé, car elle n’arrive pas à bien se nourrir comme il convient pour une mère allaitante.
Elle fait savoir qu’elle mange une seule fois la journée.
Elle a deux autres petits enfants à nourrir qui, eux aussi, ne mangent qu’une seule fois la journée comme leur maman.
Le chef de famille se dit être dépassé par la situation.
« On a seulement trois enfants mais il nous est vraiment très difficile de trouver quoi manger. Mon salaire aujourd’hui paie uniquement le loyer, tandis que ma femme, vendeuse de légumes, fait tout son possible mais on est vraiment dépassé. Que nos dirigeants prennent des mesures qui peuvent nous tirer de cette situation », déplore-t-il.
Une autre femme, fonctionnaire, raconte ce qu’elle vit.
« Aujourd’hui la vie est trop dure, je suis obligée de donner du lait artificiel à mon enfant à cause de ces problèmes de déplacement liés au manque de carburant mais je suis dépassée », se désole -t-elle.
‘’Le lait artificiel qu’on donne à nos bébés pour remplacer le lait maternel quand on est absent coûte aujourd’hui cinquante mille. En seulement trois jours, l’enfant termine la boîte’’, se plaint-elle de plus.
Elle ajoute qu’avant, elle se réveillait tôt pour prendre le petit déjeuner et chercher comment elle peut laisser le lait maternel à l’enfant pour minimiser les dépenses du lait artificiel, mais aujourd’hui c’est difficile.
D’abord, il y a la pénurie du sucre et puis la hausse des prix des produits de première nécessité.
Beaucoup de femmes rencontrées dans les quartiers Mutakura, Buterere, Ngagara et Cibitoke et qui ont des nourrissons partagent le même sentiment.
Toutes disent que la vie est devenue très compliquée et que, par conséquent, les femmes allaitantes ne trouvent pas de quoi manger à suffisance.
Leurs nourrissons sont les victimes collatérales de la vie très chère d’aujourd’hui.
Selon elles, une maman allaitante devrait bien manger pour le bien-être de son nourrisson, mais aujourd’hui, ce n’est malheureusement pas le cas.
On mange juste pour survivre avec le peu qu’on peut trouver, disent-elles, résignées.
Un spécialiste en nutrition explique que cette situation est très préoccupante.
Il fait savoir que les mères enceintes et allaitantes tout comme les enfants en bas âges doivent avoir une alimentation saine et équilibrée, mais que c’est devenu presqu’impossible avec la situation de pauvreté actuelle.
Il demande aux dirigeants du pays de tout faire pour que cette situation de pauvreté change et comme les autorités elles-mêmes le disent : « que chaque bouche trouve à manger ».
« C’est très déplorable d’entendre qu’une mère allaitante n’arrive à manger qu’une seule fois la journée alors qu’elle doit donner du sein plus de 12 fois à son enfant durant la journée. On dit que L’État est bienveillant (Mvyeyi ), qu’il nous prouve vraiment que c’est vrai….les gens sont en train de mourir de faim et les mères enceintes, allaitantes et les enfants sont les premières victimes de cette situation difficile d’aujourd’hui », plaide le nutritionniste.
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Photo : des femmes dont des mères allaitantes dans une séance de sensibilisation en coopérative dans le nord du Burundi © SOS Médias Burundi
