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Affaire Emilienne : des menaces pèsent sur le juge de la Cour d’appel de Gitega qui l’a acquittée

Depuis le prononcé du jugement rendu à l’endroit d’Emilienne Sibomana le 28 juin dernier, Anatole Manirakiza, juge de la Cour d’appel de Gitega, vit un cauchemar permanent.Demandes d’explication tous azimuts, exclusion des descentes sur terrain, accusations de corruption, tout y passe. Menaces et intimidations sont devenues le quotidien d’Anatole Manirakiza. (SOS Médias Burundi)

Le 2 juillet dernier, Anatole Manirakiza a été appelé par le président de la Cour d’appel de Gitega, Désiré Habonimana, pour expliquer aux juges de cette juridiction comment il a procédé pour acquitter Emilienne Sibomana.

« Une sorte d’humiliation devant ses collègues qui n’ont pas instruit le dossier et qui ignorent totalement le fond du procès », estime une source proche du dossier.

Deux jours plus tard, le 4 juillet, le même Désiré Habonimana a adressé une demande d’explication en rapport avec cette décision à Anatole Manirakiza.

Pire, la procureure près la Cour d’appel de Gitega, Félicité Nishemezwe, a accusé Anatole Manirakiza d’avoir perçu un pot-de-vin de 1.500.000 francs burundais pour acquitter Emilienne Sibomana.

« Ce ne sont que des affirmations gratuites sans aucune preuve », s’insurge la même source.

Autre harcèlement

Anatole Manirakiza avait été programmé pour une descente sur terrain d’une semaine à Karusi (centre-est) en juillet dernier. Il s’est vu rayer de l’ordre de mission puis remplacé par un autre juge de la même juridiction.

Selon des sources au sein de la Cour, ces machinations expliquent pourquoi Emilienne Sibomana croupit toujours à la prison centrale de Gitega (capitale politique), malgré son acquittement.

Maître Michella Niyonizigiye, avocate de la défense, parle de violation des lois.

Elle précise que le 17 juillet, elle a écrit à la procureure générale près la Cour d’appel de Gitega, afin d’exiger que sa cliente bénéficie d’un billet d’élargissement.

« Se basant sur l’article 262 du code de procédure pénale, le prévenu doit d’abord être acquitté, quel que soit l’appel », précise-t-elle.

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https://www.sosmediasburundi.org/2024/07/03/gitega-emilienne-sibomana-acquittee-par-la-cour-dappel/

Pour rappel, Emilienne Sibomana, est accusée de dénonciations calomnieuses.

Le 26 janvier cette année, au cours d’une réunion avec le ministre de l’Education Francois Havyarimana, Mme Sibomana, alors secrétaire au lycée Christ Roi de Mushasha à Gitega, avait révélé des abus sexuels à l’endroit des élèves de sexe féminin perpétrés par l’abbé Laurent Ntakarutimana, directeur de ce lycée.

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Photo : deux hommes se tiennent devant la cour d’appel de Gitega dont un juge a acquitté Emilienne Sibomana avant de subir des menaces © SOS Médias Burundi