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Nyarugusu (Tanzanie) : tous les chefs de cellules limogés

La décision est du ministère de l’Intérieur, en charge des réfugiés. Elle a été mise en application par le président du camp. Une mesure décriée par les réfugiés burundais installés à Nyarugusu. Ils y voient une énième manière de les pousser au rapatriement forcé. (SOS Médias Burundi)

C’est une première depuis l’installation de la partie réservée aux Burundais au camp de Nyarugusu en 2015. L’administration dudit camp a signifié aux élus locaux que les chefs de cellules n’ont plus rien à faire.

«Le président du camp nous a d’abord remercié pour notre travail assidu. Et puis, il nous a annoncé que l’institution des chefs de cellules (chefs de dix maisons) à chaque rue du camp est abrogée et que la décision entre en vigueur immédiatement. Nous, on n’a fait que prendre acte », témoigne un ancien chef de cellule qui a participé à la réunion du 29 juillet. Elle s’est déroulée dans la zone 8.

La mesure concerne uniquement six zones qui constituent la partie occupée par des réfugiés burundais.

« Chez les Congolais, la situation reste inchangée », affirme un représentant du gouvernement tanzanien à Nyarugusu.

Les tâches qui étaient réservées aux chefs de cellules seront accomplies par les chefs de villages en collaboration avec les chefs de zones et les gardiens civils.

Les élus de réfugiés s’occupaient entre autres de la confection des rapports immédiats de tout incident, la résolution des conflits familiaux ou conjugaux mineurs, du contrôle des étrangers, des questions de sécurité,…. Ils n’étaient pas rétribués pour ces rôles. L’officiel tanzanien a annoncé que « le travail des chefs de cellules n’est plus indispensable car la partie du camp peuplée par les réfugiés burundais sera bientôt fermée ». Les anciens représentants de réfugiés à la base qui se sont confiés à SOS Médias Burundi disent craindre le pire.

Sur ce point, l’administration les a rassurés, leur rappelant qu’ils sont au courant depuis longtemps que le camp doit être fermé en octobre 2024.

«Alors, vous n’avez qu’à prendre de bonnes décisions à temps au lieu de vous soucier de ce qui peut vous arriver! » a fait savoir un envoyé du président du camp de Nyarugusu.

En ce qui est des violences et conflits, il leur a demandé de se constituer en « notables communautaires non reconnus » pour aider leurs compatriotes.

Les chefs de villages et zones ont été priés de redoubler d’efforts et de vigilance pour combler le vide, étant donné qu’ils reçoivent une petite rémunération « en nature » en guise d’encouragement.

Mais eux aussi, même s’ils gardent leurs responsabilités, « celui qui démissionne, qui est rapatrié ou qui meurt ne sera pas remplacé », a conclu le bureau du président du camp de Nyarugusu.

Ce camp compte plus de 110.000 réfugiés dont plus de 50 mille Burundais.

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Photo : des jeunes motards discutent dans une rue au camp de Nyarugusu en Tanzanie ( SOS Médias Burundi)