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Nduta (Tanzanie) : 25 ressortissants burundais interpellés

25 personnes d’origine burundaise ont été arrêtées dimanche alors qu’elles étaient en route vers le district de Kasulu, « pour chercher du travail », selon elles. Selon des réfugiés, leur passage au camp de Nduta fait penser à « un montage puisque ce ne sont pas de réfugiés ». (SOS Médias Burundi)

Le groupe est constitué de 22 jeunes hommes et trois jeunes filles. Ils proviennent de la province de Karusi (centre-est du Burundi), d’après leurs témoignages.

« Ils étaient tous à bord d’un seul bus de transport, empruntant la route qui relie Mwanza et Kigoma en passant par le camp de Nduta. Ils ont été interpellés par la police de roulage, à la petite gare du camp (Kituo B) », affirme un réfugié burundais qui a suivi toute la scène.

Après avoir été tous identifiés comme « des Burundais, avec des cartes d’identité ou des laissez-passer », ils ont été conduits dans un cachot du camp.

Mille et une interrogations se posent.

«Ce n’est pas compréhensible que quelqu’un qui vient de Karusi puisse emprunter cette voie qui fait un long contour pour arriver à Kasulu, un district frontalier des provinces Muyinga et Ruyigi (nord-est). Ils auraient dû passer par Nyakanazi puis rentrer directement à Kasulu. S’ils venaient de Muyinga ou Ruyigi, là on pourrait comprendre », s’interrogent des réfugiés.

«Admettons qu’ils ont dû contourner pour tromper la vigilance de la police ! Mais, un groupe de 25 personnes, de la même province, se dirigeant vers un même lieu, prendre un seul bus ? », se demandent encore ces réfugiés.

La seconde inquiétude réside dans la réaction de la police.

« En principe, d’habitude, la police de roulage au camp ne fouille jamais les gens. Elle fait juste des vérifications des permis de conduire uniquement pour les chauffeurs. Mais ce qu’on a vu, c’est comme si les éléments de la police étaient informés de ce qui allait se passer, car depuis le matin ils étaient en grand nombre sur la gare. Et ils ne se sont pas trompés sur le bus et ont vite exigé que les passagers exhibent leur identité », ajoutent des témoins.

En plus, indiquent-ils, « depuis la frontière jusqu’au camp, il y a deux points de vérification de la police de l’Immigration, à ‘Kiremba’ et ‘Ku Rubaho’. De ce fait, comment ces gens ont dépassé les deux stations sans s’inquiéter, alors que ce sont des check-points généralement exigeants et rigoureux pour finalement être interceptés en plein camp ?».

Coup monté…

Des réfugiés burundais du camp de Nduta en Tanzanie soupçonnent une machination pour incriminer les occupants dudit camp.

« Cette situation nous fait vraiment peur et risque de nous causer des problèmes. La police et l’administration nous accusent déjà de collaborer avec les rebelles et fauteurs de troubles. Alors, elles pourraient confirmer que des recrutements se font et que des réfugiés seraient impliqués », craignent-ils.

La situation est compliquée par un couvre-feu décrié.

« Imaginez que déjà nous sommes confinés chez-nous à partir de 19 heures. Alors, tout peut nous arriver car même ce maudit couvre-feu est officiellement destiné à arrêter des fauteurs de troubles. Tout cela concourt à la diabolisation du camp de Nduta et ses occupants pour trouver malignement un moyen de nous rapatrier par force avant décembre prochain comme annoncé », estiment des réfugiés burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Ces réfugiés exigent des enquêtes indépendantes et inclusives pour faire la lumière sur cette situation qui les embarrasse. Ils disent être prêts à contribuer dans ces enquêtes pour éviter des « soupçons criminels inutiles ».

Ils demandent que le HCR s’implique pour protéger les occupants du camp de Nduta.

Nduta est un camp de réfugiés burundais qui héberge plus de 60.000 personnes. Ses occupants ont fui pour la plupart, la crise de 2015 qui a été déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza.

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Photo : deux jeunes réfugiés burundais sur la route qui mène au camp de Nduta en Tanzanie ©SOS Médias Burundi