Nduta (Tanzanie) : une cinquantaine de réfugiés en prison pour avoir violé le couvre-feu
Ils ont été arrêtés à des moment différents. Certains sont accusés d’atteinte à l’autorité publique. Ils craignent d’être rapatriés par force. (SOS Médias Burundi)
Le couvre-feu qui fait des victimes a été instauré au début de ce mois et est fortement décrié par les occupants du camp de Nduta. Ces derniers sont contraints de regagner le camp à 19h, heure locale et de se confiner dans leurs maisons.
LIRE AUSSI :
La police parle de traque des fauteurs de troubles armés qui se seraient infiltrés dans ledit camp, alors que les réfugiés affirment ne pas encore remarquer de signe inquiétant d’insécurité.
Depuis, la police continue d’arrêter tout contrevenant à ce couvre-feu qualifié d’inopportun par les concernés.
Dans une réunion d’évaluation hebdomadaire avec les chefs de zones ce lundi, l’administration et la police ont indiqué que plus de cinquante personnes sont déjà en détention.
« Plus de vingt réfugiés ont été conduits dans la prison communale de Nyamusivya. Leurs dossiers sont déjà transmis devant la justice et ils sont poursuivis pour atteinte à l’autorité publique », ont-ils été briefés.
Ces détenus auraient refusé « d’obtempérer et ont agressé et blessé des policiers », a-t-on appris. La police a insisté qu’ils constitueraient « un groupe de malfaiteurs et de fauteurs de troubles bien organisés».
Le second groupe est détenu dans deux cachots de la police au camp de Nduta. Il est composé d’une trentaine de personnes, d’après des anciens détenus qui ont récemment été relâchés.
« Ceux qui fournissent des explications convaincantes avec des pièces justificatives sont relaxés. C’est notamment pour des motifs médicaux uniquement, sinon rien ne peux expliquer le fait de s’opposer à l’ordre de rentrer au camp à 19h. C’est une façon d’empêcher la police de faire son travail », a notifié le président du camp.
Même si les familles des détenus ont eu des permissions de leur rendre visite, elles craignent que les leurs soient « rapatriés par force, une punition récente infligée à tout réfugié qui se rend coupable de n’importe quelle infraction, petite soit-elle ».
Les leaders communautaires implorent quant à eux une clémence de la police et de l’administration pour ces détenus. Ils promettent de sillonner tous les villages pour réveiller la conscience des réfugiés et leur demander de ne plus dépasser « l’heure qui leur est imposée ».
Ils regrettent néanmoins que le HCR assiste impuissamment à la violation de ce qu’ils qualifient « des droits les plus élémentaires en terre d’exil ».
Le camp de Nduta héberge plus 60.000 réfugiés burundais.
_______________________________________________
Photo : l’entrée de la zone C du camp de Nduta © SOS Médias Burundi
