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Ruyigi : arrestation et détention d’un journaliste local

Pantaléon Ntakarutimana, correspondant du magazine Jimbere notamment a été arrêté samedi dernier et envoyé au cachot du commissariat communal de police à Bweru où il habite. C’est en province de Ruyigi (est du Burundi). L’administratrice communale de Bweru Diane Nibitanga reproche à notre collègue de « donner des informations biaisées ». (SOS Médias Burundi)

Au moment des faits, Pantaléon Ntakarutimana se trouvait avec sa femme et d’autres habitants dans un marché situé non loin d’un centre de santé dans la localité de Mubavu, selon des témoins.

D’après ces derniers, un véhicule a déposé un corps d’une personne à cette structure sanitaire « morte dans un accident », selon les individus qui l’ont emmenée. Les proches de cette personne ont refusé d’aller enterrer le cadavre sans procéder à son identification, ce qui a créé des tensions. L’administratrice communale de Bweru a été obligée de se déplacer. Diane Nibitanga a trouvé sur les lieux notre collègue et a ordonné à des policiers présents de fouiller Pantaléon Ntakarutimana. Après, ils l’ont emmené au cachot du commissariat communal de Bweru.

Diane Nibitanga a dit à SOS Médias Burundi que « les proches de la personne décédée ne s’étaient pas entendus, ce qui a fait que le corps ne soit pas enterré avant que l’administration ne se saisisse de l’affaire ».

Pantaléon Ntakarutimana a rapporté l’incident. L’administratrice de Bweru parle de « manque de professionnalisme » et reproche à notre confrère de « donner des informations biaisées, non vérifiées ». Elle dit que Pantaléon Ntakarutimana « publie des informations non équilibrées sans chercher la version de l’administration » souvent.

« Nous l’avons libéré ce soir et nous nous sommes convenus avec son employeur de nous voir ce mardi pour parler du cas », a-t-elle confié à SOS Médias Burundi lundi soir.

Roland Rugero, responsable du magazine Jimbere a confirmé à SOS Médias Burundi qu’il se rend à Bweru ce mardi. Mais jusqu’à ce lundi soir, il n’avait pas encore eu la confirmation de la libération du journaliste Pantaléon Ntakarutimana ni de la part de ses proches ni de la police locale.

Les arrestations des correspondants en provinces se sont multipliés ces derniers temps au Burundi. Les représentants des organisations locales de défense des droits de journalistes disent craindre la multiplication des menaces contre les journalistes à l’approche des élections législatives de 2025.

Dans un communiqué, le magazine Jimbere a remercié le CNC, Conseil national de la communication pour son implication en vue d’obtenir la libération de son correspondant.

Récemment, la nouvelle patronne de l’organe régulateur burundais a promis de « lutter pour le respect des droits des journalistes ». Espérance Ndayizeye a toutefois clarifié que « la justice doit faire son travail indépendamment » pour des affaires qui lui sont soumises.

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Photo : Pantaléon Ntakarutimana, correspondant du magazine Jimbere pour la région- est du Burundi , DR