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Photo de la semaine : Nkurunziza Cup ou preuve du manque de patriotisme (opinion)

Depuis son accession à la tête du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo a parcouru tout le pays en train de militariser les jeunes du parti, y compris les petits enfants. Pour bien évaluer les jeunes, il a lancé Nkurunziza Cup. Cet événement a lieu à Makamba (sud du Burund). A voir la logistique, cet analyste n’en revient pas, surtout que la petite nation de l’Afrique de l’est que « le Guide suprême a léguée à ceux qui le qualifient de grand-père , est en train de couler ».

Opinion par Gahungu (SOS Médias Burundi)

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Un stade de plus de 25 mille places, plein de personnes en t-shirts estampillés « Nkurunziza Cup », des milliers d’enfants et de jeunes qui portent des chaussures, des chaussettes, des collants, des képis, des uniformes sans oublier des bottines pour les uns, alors qu’il est interdit d’en porter car seuls les militaires et policiers en ont la permission au Burundi, plutôt dans le jardin d’Éden.

Des dizaines de véhicules de transport en commun (bus et grands bus) venus de Bujumbura, la capitale économique dont les habitants ont choisi la marche comme alternative suite au manque de carburant, transportent les participants-les Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes de l’ancienne rébellion Hutu devenue parti présidentiel en 2005 grâce à l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha-août 2000, des enfants qui doivent aller faire le défilé militaire à Makamba non loin de la frontière avec la Tanzanie. A l’extérieur du stade (le plus vaste dans le pays, même sans les standards de la FIFA*), des milliers de personnes n’ont pas pu entrer, faute d’espace.

Plus que difficile de s’imaginer les milliards de francs burundais qui ont été dépensés pour l’évènement. Ici on ne parle pas d’une équipe espagnole qui est venue croiser le fer avec l’équipe Aigle Noir FC, appartenant à la Fondation Pax Burundi de Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du parti au pouvoir.

Deux questions sont à poser alors : d’où proviennent ces milliards ? Pourquoi toute cette logistique dans un pays à l’agonie ? Est-ce vraiment le patriotisme tant chanté ? A qui profite ça ? Il suffit de se souvenir qu’il n’y a pas de carburant au Burundi, les habitants de la ville commerciale Bujumbura où est concentrée l’administration centrale étant obligés d’aller s’approvisionner au Congo voisin, mais des centaines de véhicules doivent converger vers Makamba. Je vous laisse calculer, plutôt estimer le nombre de litres consommés.

Ces bus de transport auraient pu soulager les parkings dans différents coins du pays, un intérêt national. Mais on va clamer haut et fort que ce qui a eu lieu à Makamba est « un acte patriotique ». Ici on ne parle pas de cette population qui a cessé de vaquer à ses activités depuis trop tôt la matinée de ce 29 juin 2024. La faim et la soif ont eu des proies faciles.

Si Révérien Ndikuriyo avait estimé le coût de la logistique pour cet évènement et donné tout le carburant pour faciliter le transport en commun, ça aurait été plus intéressant et plus « drapeautique ».

En plus, comment appeler Nkurunziza Cup « un truc qui oppose deux équipes en match amical, et surtout l’une d’entre elles étant étrangère ».

Pensons à ces enfants qui ont passé plus de 10h sans manger, au nom du fameux défilé militaire en mémoire d' »un Guide suprême dont le nom a été prononcé une seule fois seulement par son successeur en marge de la célébration de la journée lui dédiée », le 8 juin dernier dans la capitale politique Gitega où l’ancien chef rebelle Hutu qualifié de « Sogo ou encore grand-père » par les militants du CNDD-FDD à des fins de propagande visant à « amadouer l’électorat Hutu », repose.

FIFA*: La Fédération internationale de football association

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Notre photo : des jeunes filles participent dans un défilé militaire en marge de l’événement Nkurunziza Cup à Makamba, le 29 juin 2024 © SOS Médias Burundi