Fermeture d’écoles, cycles et sections : le ministère de l’Éducation nationale serre la vis
SOS Médias Burundi
À la rentrée scolaire prévue pour septembre prochain, le ministère de l’Éducation nationale ferme plusieurs écoles, cycles et sections dans trois provinces pour non-respect des normes. Des centaines d’élèves se retrouvent sans solution, suscitant colère et incompréhension chez les parents.
C’est un coup de balai inédit dans le système éducatif burundais. Le ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique, François Havyarimana, a annoncé jeudi dernier la fermeture immédiate de plusieurs écoles, cycles et sections dans les provinces de Bujumbura, Gitega et Burunga. Ces provinces sont situées à l’ouest, au sud et au centre du pays, Gitega et Bujumbura renfermant respectivement les capitales politique et économique du Burundi. En cause : le non-respect des normes et de la réglementation en vigueur.
Des dizaines d’élèves directement touchés
À Bujumbura, sept établissements sont dans le viseur. Deux cycles maternels situés à Mukaza et Ntahangwa (ville commerciale), ainsi que deux sections opérant dans ces mêmes entités, sont interdits d’exercer dès la rentrée scolaire 2025-2026.
Le communiqué officiel évoque plusieurs manquements graves :
dégradation manifeste des conditions de travail ;
absence d’infrastructures adéquates ;
latrines non fonctionnelles ou mal entretenues ;
changements d’emplacement à l’insu du ministère ;
fonctionnement sans agrément officiel.
À Gitega et Burunga, des fermetures similaires concernent aussi bien des écoles primaires que des sections spécialisées. Le ministère assure que ces décisions ont été prises « pour protéger la qualité de l’enseignement et garantir un cadre éducatif conforme aux normes nationales ».
Le ministre veut frapper fort
Cette annonce est intervenue seulement deux jours après la reconduction de François Havyarimana à la tête du ministère. « Les parents et élèves sont avisés à temps afin d’éviter de tomber dans le piège en inscrivant leurs enfants dans des établissements désormais fermés », prévient-il dans le communiqué, invitant les autorités éducatives locales « à veiller scrupuleusement à l’application de cette décision jusqu’à nouvel ordre ».
Sur le terrain, colère et désarroi
La mesure, saluée par certains comme une nécessaire remise à niveau, provoque aussi une vive incompréhension.
« On nous avait garanti que l’école était reconnue par l’État. Mon fils y a passé trois ans. Aujourd’hui, on nous dit que ses certificats ne valent rien », se désole une mère de Ntahangwa.
Un enseignant d’une école fermée parle d’un « coup dur pour les élèves, mais aussi pour le personnel ».
« Nous n’avons reçu aucune visite d’inspection depuis deux ans. Et du jour au lendemain, on nous ferme. C’est incompréhensible », affirme-t-il sous couvert d’anonymat.
Des questions qui dérangent
Comment ces établissements ont-ils pu fonctionner pendant des années sans agrément officiel ? Pourquoi les autorités n’ont-elles pas réagi plus tôt ? Et quel sort attend les élèves ayant étudié dans ces structures, parfois jusqu’à l’obtention de diplômes désormais dépourvus de valeur légale ?
Pour l’heure, aucune réponse claire n’a été apportée. Le ministère n’a pas encore annoncé de plan de réorientation ou de rattrapage pour les élèves concernés.
Une faille dans la régulation du système éducatif
Ces fermetures mettent en lumière un problème plus profond : le manque de suivi et de contrôle régulier des établissements scolaires au Burundi. Des familles déjà fragilisées pourraient être les grandes perdantes de ce bras de fer administratif.
En attendant des précisions, parents, élèves et enseignants espèrent que cette fermeté affichée ne se traduira pas par un abandon pur et simple de centaines d’élèves à quelques semaines de la rentrée scolaire.
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Photo : François Havyarimana, ministre burundais de l’Éducation nationale, à l’origine de la fermeture de plusieurs établissements scolaires à Gitega, Bujumbura et Burunga. Photographié ici lors de sa prestation de serment à l’Assemblée nationale, le 5 août 2025. © SOS Médias Burundi
