SOS Médias Burundi

Bujumbura, jeudi 31 juillet 2025 – Daniel Gélase Ndabirabe a été reconduit ce jeudi à la présidence de l’Assemblée nationale du Burundi. L’élection s’est tenue à l’hémicycle de Kigobe, dans le nord de la ville commerciale Bujumbura, en présence de 111 députés, dont 109 ont voté en sa faveur pour un nouveau mandat de cinq ans.

Déjà président de cette institution depuis 2020, il entame ainsi un second mandat à la tête de la chambre basse du parlement. Sa réélection intervient dans un contexte politique tendu, marqué par des controverses autour de ses décisions et de ses prises de parole jugées extrêmes.

Un bureau renouvelé sous contrôle du parti au pouvoir

Lors de cette séance, le bureau de l’Assemblée a également été complété :

Fabrice Nkurunziza a été élu premier vice-président avec 110 voix ;

Boussessia Nkezimana a obtenu l’unanimité des 111 députés pour le poste de deuxième vice-présidente.

L’élection avait déjà été reportée à deux reprises, la première tentative datant du 28 juillet 2025, en raison de la révision du règlement intérieur de l’Assemblée.

La nouvelle équipe de l’Assemblée nationale du Burundi pose pour sa toute première photo de famille devant les bureaux de la chambre basse à Bujumbura. © SOS Médias Burundi

Accusations d’exil forcé et de contrôle des institutions

La reconduction de Ndabirabe ne fait pas l’unanimité. Il est accusé d’avoir récemment écarté deux commissaires de la très controversée Commission Vérité et Réconciliation (CVR), les soupçonnant de collaboration avec le Rwanda.
Ces accusations, qualifiées par certains observateurs de « procès politiques », ont conduit les deux commissaires à l’exil.

Ndabirabe est également impliqué dans la controverse entourant la nouvelle composition de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH), jugée soumise au pouvoir et dépourvue d’expertise en matière de droits humains.
Son ancien président, Sixte Vigny Nimuraba, a lui aussi fui le pays et vit en exil depuis plusieurs mois.

Un fidèle du président Neva et du CNDD-FDD

Daniel Gélase Ndabirabe est l’un des proches des proches du président Évariste Ndayishimiye, surnommé « Neva ».
Il siège au conseil des sages du CNDD-FDD, l’ancienne rébellion hutu au pouvoir au Burundi depuis deux décennies, grâce à l’accord de paix d’Arusha signé en août 2000.

Un dirigeant aux déclarations sulfureuses

Le président de l’Assemblée nationale est connu pour ses propos radicaux.
Il a récemment appelé à « couper les mains » des commerçants accusés de cacher du carburant et plaidé pour la réintroduction de la peine de mort contre ceux qui participeraient à la contrebande, alors que la crise-carburant dure depuis bientôt 56 mois.

Une reconduction qui consolide le pouvoir du parti au pouvoir

Malgré ces polémiques, la majorité parlementaire a renouvelé sa confiance en lui.
Cette reconduction renforce encore l’influence du CNDD-FDD dans un paysage politique burundais de plus en plus verrouillé, où l’opposition peine à se faire entendre et où les institutions sont de plus en plus perçues comme alignées sur les intérêts du pouvoir en place.

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Photo : Daniel Gélase Ndabirabe, entouré de Fabrice Nkurunziza (à gauche) et de Boussessia Nkezimana (à droite), lors de la séance du 31 juillet 2025 à l’hémicycle de Kigobe. © SOS Médias Burundi