Burundi : la crise du transport public s’étend, passagers et commerçants à genoux
SOS Médias Burundi
Bujumbura, 29 juillet 2025- Au Burundi, la grève des transporteurs de bus et de taxis paralyse depuis dimanche dernier les déplacements sur l’ensemble du territoire. Alimentée par la pénurie de carburant et les sanctions imposées par l’État, cette crise plonge voyageurs et commerçants dans un désarroi croissant, tandis que les autorités peinent à trouver une issue.
La crise du transport public s’aggrave au Burundi. Depuis dimanche dernier, le mouvement de grève des chauffeurs de bus et de taxis de transport en commun, initialement localisé, s’est généralisé à l’ensemble des gares routières du pays. Cette paralysie perturbe gravement la circulation sur les grands axes, affectant des milliers de passagers chaque jour.
RN3 paralysée, colère dans les parkings
Ce week-end, la route nationale numéro 3 (RN3), reliant Bujumbura, la capitale économique, à Rumonge dans le sud-ouest du Burundi, a été bloquée par un arrêt spontané des bus et taxis. Sur le parking de Cotebu, au nord de la capitale, comme dans d’autres terminaux, aucun véhicule en vue, seulement des voyageurs désemparés.
« Nous sommes coincés ici sans issue. Même si on me demandait de payer dix fois le prix, je le ferais. J’ai un travail urgent en province », déplore un passager.
Carburant au cœur du conflit
Les chauffeurs dénoncent l’incohérence entre l’exigence gouvernementale de respecter les tarifs réglementés et la pénurie persistante de carburant.

« Que le gouvernement mette d’abord le carburant à notre disposition, et ensuite il pourra exiger le respect des prix officiels », lance un chauffeur rencontré à Kanyosha, dans le sud de Bujumbura.
Face à cette contestation, l’État inflige des amendes pouvant atteindre un million de francs burundais aux contrevenants et organise des procès en flagrance, ce qui inquiète les syndicats de transporteurs.
Burunga : commerçantes ruinées, usagers désespérés
Dans la province de Burunga, dans le sud du Burundi, les conséquences économiques et sociales sont dramatiques. À Makamba, des femmes commerçantes voient leurs produits périssables se détériorer faute de pouvoir les acheminer vers les marchés.
« Nos légumes sont déjà pourris. Tout notre commerce repose sur ces ventes. C’est une catastrophe », se lamente l’une d’elles.
Certains voyageurs, contraints par des urgences médicales, paient des sommes exorbitantes pour parcourir plus de 150 km à moto, parfois à trois sur un seul engin.
Un dilemme pour les transporteurs
Acheter le carburant au marché noir – parfois cinq fois plus cher que le prix officiel – et travailler à perte, ou risquer des sanctions ? Pour beaucoup, le choix est impossible.

« Même les tickets carburant, censés être une alternative, sont proposés à des tarifs décuplés », dénoncent les chauffeurs.
Tensions et appels à une solution
La société civile appelle à la création d’un comité de dialogue entre les autorités, les transporteurs et les usagers. Les conducteurs exigent un approvisionnement régulier des stations-service ou une révision des tarifs.
En attendant un compromis, les routes restent désertes, les marchés s’assèchent et la population, prise en otage, continue de payer le prix fort de ce bras de fer.
____________________________________________________
Photo : des passagers attendent, de 6h à 11h du matin, les bus de transport en commun reliant Bujumbura aux provinces du centre et du sud du Burundi © SOS Médias Burundi
