Bujumbura : vendeuses de rue – « On ne survit plus, on endure »

SOS Médias Burundi
Bujumbura, 29 juillet 2025- Face à la flambée des prix, les femmes vendeuses de rue de Bujumbura, la capitale économique du Burundi, peinent à survivre. Moteur économique pour leurs familles, leur petit commerce ne suffit plus à couvrir les besoins de base. Témoignages poignants d’un quotidien devenu incertain.
Alors qu’elles vivaient autrefois de leurs petits commerces, de nombreuses femmes affirment qu’elles ne parviennent plus à joindre les deux bouts.
Des fruits qui pourrissent, des espoirs qui s’éteignent
Éliane Munezero, vendeuse de bananes mûres dans le quartier de Gihosha, dans le nord de la ville commerciale, raconte :
« Les bananes mûrissent vite. Si je ne les vends pas à temps, elles pourrissent. Et comme les clients se font rares à cause des prix et de la misère dans les familles ces derniers temps, je perds une bonne partie de ma marchandise. »
Elle confie jeter parfois plus de la moitié de son stock, malgré les rabais en fin de journée :
« C’est de l’argent perdu. Même quand je baisse les prix, il n’y a pas toujours preneur. »
Vendre sans rien gagner
Dancile Nizigama, habitante de Buterere, un quartier périphérique de Bujumbura, vend de la canne à sucre dans les rues. Elle vit la même réalité :
« Avant, en deux jours, tout était vendu. Ces derniers jours, je trouve difficilement des clients. Je rentre parfois sans rien vendre », dit-elle, visiblement épuisée.
Le feu coûte cher, le maïs aussi
Pour Sandrine Kaneza, vendeuse de maïs grillé à Kamenge, dans le nord de Bujumbura, le quotidien est devenu insoutenable :
« Mon activité complétait le revenu de mon mari chauffeur. Lui payait le loyer, moi j’achetais de quoi manger. Maintenant, même allumer le feu est un risque. Le maïs est cher, et parfois je ne vends rien. »
La voix serrée, elle ajoute :
« L’argent manque. La vie est devenue trop chère. Nous, les petits commerçants, nous avons faim. Et si un enfant tombe malade, c’est la panique. »
Inflation : tout le monde trinque
Même les consommateurs confirment la dureté de la situation. Claude Ndayizeye, rencontré au marché de Kamenge, raconte :
« Je mangeais souvent des bananes pour déjeuner. C’était simple, rapide et abordable. Mais aujourd’hui, une seule banane coûte jusqu’à 500 francs. Avant, avec 1000 FBu, j’en achetais trois ou quatre. Maintenant, j’hésite même à en prendre une. »
Appels au secours
Les vendeuses de rue disent être à bout de souffle et appellent les autorités à agir contre la flambée des prix. Elles craignent de ne plus pouvoir nourrir leurs familles si rien n’est fait pour stabiliser les coûts de la vie.
« On endure, mais on ne survit plus », résume Éliane, les yeux tournés vers son panier de fruits invendus.
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Photo : une vendeuse de maïs grillé dans le nord de la capitale économique Bujumbura © SOS Médias Burundi