Disparu depuis 2016, Jean Bigirimana reste un symbole de l’impunité
SOS Médias Burundi
Bujumbura, 23 juillet 2025 – Neuf ans jour pour jour après la disparition du journaliste Jean Bigirimana, le groupe de presse Iwacu, dont Jean était salarié, a organisé un moment de recueillement dans ses locaux, ce mercredi. Le personnel et les journalistes se sont réunis pour honorer la mémoire de leur collègue, porté disparu depuis le 22 juillet 2016, sans que la lumière n’ait jamais été faite sur son sort.
La disparition de Jean Bigirimana, enlevé selon plusieurs témoignages dans la région de Bugarama, à quelques kilomètres de la ville commerciale Bujumbura, est devenue l’un des symboles les plus sombres des dangers encourus par les journalistes au Burundi. Malgré les appels répétés de la société civile, des organisations internationales et de ses confrères, l’affaire reste sans suite judiciaire.
Lors de cette cérémonie, Léandre Sikuyavuga, directeur du groupe de presse Iwacu, a une nouvelle fois interpellé la justice burundaise.
« Jusqu’à présent, nous attendons toujours une réponse. Nous continuons à poser les mêmes questions, et nous n’arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu la vérité », a-t-il déclaré, visiblement ému.
Parmi les questions qui restent sans réponse : Où est Jean Bigirimana ? Qui l’a enlevé ? Quel crime aurait-il commis ? Des interrogations douloureuses qui, neuf ans plus tard, demeurent sans écho judiciaire.
« Jean était un fils, un frère, un époux, un père. Il était un citoyen burundais comme tant d’autres », a rappelé Sikuyavuga.
Pour lui, la disparition de Jean n’est pas seulement une tragédie personnelle ; elle constitue également un traumatisme profond pour toute la profession. Il a insisté sur le fait que, même dans l’hypothèse d’une faute, Jean Bigirimana aurait dû bénéficier d’un procès équitable et de la protection de ses droits.
Dans son message, Sikuyavuga a également lancé un appel fort aux journalistes : ne pas céder à la peur. Il les a exhortés à poursuivre leur mission avec courage, professionnalisme et fidélité à l’éthique du métier.
« Même après la disparition de Jean Bigirimana, restez debout », a-t-il conclu.
Le cas de Jean Bigirimana reste, à ce jour, un symbole des atteintes à la liberté de la presse au Burundi, et un rappel de la nécessité de défendre le droit à la vérité pour toutes les victimes de disparition forcée.
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Photo d’archives : des salariés du groupe de presse Iwacu réunis dans la cour intérieure devant le portrait de Jean Bigirimana, disparu le 22 juillet 2016, lors d’un recueillement organisé le 23 juillet 2024 à Bujumbura © SOS Médias Burundi
