Bururi : les agriculteurs boudent les semences certifiées de pomme de terre malgré la baisse des prix

SOS Médias Burundi
Burunga, 17 juillet 2025 — En pleine saison sèche, les agriculteurs de la région de Bururi, dans la nouvelle province de Burunga au sud du Burundi, se détournent massivement des semences certifiées de pomme de terre. Une attitude inattendue qui suscite l’inquiétude chez les multiplicateurs de semences, désemparés face à la baisse soudaine de la demande.
Pourtant, les prix ont été revus à la baisse : de 8000 francs burundais (FBu) le kilogramme l’année dernière à environ 2500–3000 FBu cette saison. Mais cela ne semble pas suffire. Les professionnels du secteur parlent désormais d’un boycott silencieux.
Les cultivateurs, eux, justifient leur réticence par le souvenir amer des pénuries passées et des prix jugés prohibitifs. « Nous avons pris nos dispositions », confie un agriculteur de la région. « Nous avons conservé nos propres semences à partir des récoltes précédentes. »
Une stratégie d’autonomie qui se généralise dans plusieurs communes, au détriment des semences contrôlées par le ministère de l’Agriculture.
Les multiplicateurs de semences expriment leur désarroi. Ils dénoncent une perte d’intérêt préoccupante pour un produit dont la qualité est pourtant reconnue. « Nous avons consenti de grands efforts pour rendre les semences certifiées plus accessibles. Mais les agriculteurs ne répondent pas présents », déplorent-ils.
Face à cette situation, les autorités agricoles appellent à une campagne de sensibilisation renforcée. Elles insistent sur les avantages des semences certifiées : meilleur rendement, résistance accrue aux maladies, et contribution significative à la sécurité alimentaire.
« Il faut convaincre les agriculteurs que les semences certifiées sont un investissement, pas une charge », martèle une source locale du ministère de l’Agriculture. « Sans une mobilisation collective, c’est toute la filière de la pomme de terre qui risque de stagner. »
La pomme de terre reste pourtant une culture économiquement prisée dans cette région. Cultivée deux fois l’an, sur les collines comme dans les marais, elle constitue une source essentielle de revenus pour des milliers de ménages.
Mais si la méfiance persiste, avertissent certains experts agricoles, le risque est grand de voir chuter la productivité et la qualité des récoltes au cours des saisons à venir.
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Photo : une Burundaise dans un champ réservé à la culture du riz et des pommes de terre dans un marais au nord du Burundi © SOS Médias Burundi

