Burundi : l’avenir sombre des réfugiés après l’annonce de la fin de l’aide alimentaire

SOS Médias Burundi
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont notifié au gouvernement burundais leur décision de suspendre totalement l’assistance alimentaire aux réfugiés à partir de novembre 2025. Une annonce choc qui a provoqué un vent de panique dans les camps, où des milliers de personnes dépendent exclusivement de cette aide pour survivre.
Depuis le début de l’année, les rations avaient déjà été réduites de moitié, conséquence directe de la baisse des financements internationaux et de l’afflux massif de réfugiés fuyant les violences dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les répercussions sont déjà visibles : malnutrition aiguë, décrochage scolaire, accès restreint aux soins de santé, pénurie d’eau potable… et aujourd’hui, une détresse palpable.
« On ne mange qu’une fois par jour, parfois rien du tout. Il nous arrive même de passer des nuits blanches. Savoir que l’aide alimentaire va s’arrêter, c’est terrible. C’est comme attendre la mort en silence. »
— Clarisse, réfugiée au Burundi depuis plus de 15 ans
Un quotidien de plus en plus précaire
La majorité des réfugiés ne possèdent ni terres cultivables ni moyens de subsistance. Les camps, installés en zones rurales, offrent très peu de possibilités d’emploi informel. Et les restrictions imposées sur leur liberté de circulation rendent presque impossible toute tentative d’autonomie.
« Nous vivons uniquement grâce à cette aide. Quand elle sera suspendue, nous allons mourir de faim. Le peu que nous recevons ne suffit même pas pour nourrir toute la famille pendant une semaine. »
— Masumbuko, père de dix enfants
« Une catastrophe humanitaire annoncée »
Dans le camp de Kinama, au nord-est du pays, un leader communautaire s’exprime sous anonymat : « Il y a déjà beaucoup de cas de malnutrition. Si l’assistance s’arrête complètement, ce sera une catastrophe humanitaire. »
Il dénonce également les restrictions sévères à la liberté de mouvement, pourtant garanties par les textes : « Les déplacements sont très limités. Si tu es surpris à plus de 5 km du camp sans autorisation, tu es immédiatement arrêté. Pourtant, selon la loi burundaise et les conventions internationales, les réfugiés devraient pouvoir circuler librement dans la commune du camp. Mais ici, même pour chercher du travail en ville, il faut une autorisation… et rien n’est jamais sûr. »
Un appel d’urgence lancé par le gouvernement
Conscient de la gravité de la situation, le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse, a lancé en juin un appel d’urgence à la communauté internationale et aux partenaires humanitaires. Le HCR évalue à 76,5 millions de dollars les besoins pour couvrir l’année 2025 et garantir un minimum vital aux réfugiés.
Mais sur le terrain, l’avenir s’assombrit. Privés de nourriture, d’accès aux soins, à l’éducation et de toute perspective économique, les réfugiés sombrent peu à peu dans le désespoir.
Le Burundi accueille actuellement plus de 90 000 réfugiés, dont plus de 90 % sont originaires de la République Démocratique du Congo. Les autres viennent du Rwanda, du Soudan, de l’Ouganda ou encore de la République Centrafricaine.
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Photo : Un centre de transit pour les réfugiés congolais dans le nord-ouest du Burundi © SOS Médias Burundi