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Rwanda : l’audience de Victoire Ingabire reportée, l’opposante réclame une équipe juridique kényane

SOS Médias Burundi

La leader de l’opposition rwandaise Victoire Ingabire a comparu ce mardi devant le tribunal de Kigali dans le cadre d’une demande de libération sous caution. Il s’agissait de sa première apparition publique depuis son arrestation le 19 juin dernier.

Connue pour ses critiques virulentes à l’égard du président Paul Kagame, Ingabire est accusée par le Bureau d’enquête du Rwanda (RIB) d’avoir participé à un complot visant à semer des troubles publics. Son nom figure dans une affaire en cours impliquant neuf personnes poursuivies pour tentative de renversement du gouvernement.

Un différend sur sa défense

L’audience a été reportée au 15 juillet à la suite d’un désaccord concernant sa représentation légale. Ingabire a refusé l’avocat rwandais commis d’office, réclamant à la place une équipe de défense venue du Kenya. Le tribunal a accordé un délai d’une semaine afin de permettre à cette équipe de se préparer, tout en avertissant que le procès se poursuivra, même en leur absence.

Dans un communiqué, ses avocats internationaux ont dénoncé une arrestation « infondée et politiquement motivée ».

Des accusations à caractère politique ?

Le RIB affirme que Victoire Ingabire est soupçonnée d’avoir formé un gang criminel et d’avoir entretenu des contacts avec les neuf autres coaccusés. Parmi eux figure le journaliste Théoneste Nsengimana, connu pour ses publications critiques sur la plateforme indépendante Umubavu TV. Déjà arrêté par le passé pour son travail jugé dérangeant par les autorités, son nom est souvent cité comme exemple du rétrécissement de l’espace civique au Rwanda.

Les autres accusés sont membres de DALFA-Umurinzi, un parti politique non reconnu fondé par Ingabire.

Une figure emblématique de l’opposition

Avant de créer DALFA-Umurinzi, Victoire Ingabire dirigeait la coalition FDU-Inkingi, également refusée d’enregistrement par les autorités rwandaises. Exilée aux Pays-Bas pendant 16 ans, elle est revenue au Rwanda en 2010 pour y lancer un mouvement d’opposition. Elle a été arrêtée peu après son retour, sans avoir pu se présenter à l’élection présidentielle.

Condamnée à 15 ans de prison pour conspiration contre l’État et négation du génocide de 1994 contre les Tutsis – des accusations qu’elle a toujours niées –, elle a été libérée en 2018 grâce à une grâce présidentielle.

En mars 2024, une demande d’effacement de son casier judiciaire a été rejetée par le tribunal de Kigali, l’empêchant ainsi de briguer la magistrature suprême lors de la présidentielle de juillet 2024.

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Photo : L’opposante rwandaise Victoire Ingabire escortée par deux policières lors de l’audience du 8 juillet 2025 à Kigali, la capitale du Rwanda © DR