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Burundi : gouverneurs nommés, opposition absente, le CNDD-FDD règne sans partage

SOS Médias Burundi

Le Sénat burundais a approuvé ce jeudi 3 juillet 2025 la nomination de cinq nouveaux gouverneurs de province, tous issus du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Cette décision intervient dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau découpage administratif, qui ramène le nombre de provinces de 18 à 5. Sans surprise, l’opposition reste écartée du processus, renforçant ainsi l’hégémonie du parti présidentiel sur l’ensemble du territoire.

Lors d’une session extraordinaire tenue à Gitega, capitale politique du pays, les sénateurs ont voté à l’unanimité en faveur des candidats proposés par Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire. Ces nominations marquent une étape clé dans la réorganisation administrative du pays, désormais structuré autour de cinq grandes provinces, 42 communes (contre 119 auparavant), 447 zones (au lieu de 339) et 3 037 collines (contre 2 910).

Les nouveaux gouverneurs nommés

  1. Denise Ndaruhekeye (Hutu), gouverneure de Buhumuza (Est) : originaire de la colline Masaka, commune Butihinda (ex-province de Muyinga), elle occupait jusque-là le poste de cheffe de cabinet du gouverneur de Muyinga. Seule femme de cette liste, elle représente 20 % de la composition.
  2. Général-Major Aloys Ndayikengurukiye (Hutu), gouverneur de Bujumbura (Nord-Ouest) : natif de la commune de Mubimbi, il était jusqu’à récemment Directeur Administrateur Général de la SOSUMO, unique sucrerie publique du pays.
  3. Parfait Mboninyibuka (Tutsi), gouverneur de Burunga (Sud-Est) : ancien député et natif de Mpinga-Kayove (Rutana), il est le seul Tutsi de la liste, représentant également 20 % sur le plan ethnique.
  4. Général de brigade de police Victor Segasago (Hutu), gouverneur de Butanyerera (Nord-Est) : il occupait déjà un poste de gouverneur dans l’ancienne province de Kirundo.
  5. Liboire Bigirimana (Hutu), gouverneur de Gitega (Centre) : originaire de Kayokwe (Mwaro), il était jusqu’ici chargé des cantines scolaires et porte-parole du ministère de l’Éducation nationale.

Une mainmise sans partage

Tous les nouveaux gouverneurs sont membres du CNDD-FDD, ancienne rébellion hutu devenue parti au pouvoir en 2005 à la suite de l’accord d’Arusha. En raflant les élections communales et législatives de juin 2025, le parti consolide son emprise sur les nouvelles entités administratives. Aucun contrepoids politique n’a émergé au sein du Sénat, où l’opposition reste silencieuse ou absente.

Ce remaniement territorial, présenté par les autorités comme une réforme de rationalisation administrative, offre surtout au CNDD-FDD une occasion de verrouiller davantage l’appareil de l’État à tous les échelons. En l’absence d’un véritable débat démocratique et d’une opposition représentée, le parti présidentiel règne sans partage sur l’ensemble du pays.

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Photo : Carte du Burundi selon le nouveau découpage administratif. Le CNDD-FDD, parti au pouvoir, renforce sa mainmise en s’emparant de toutes les provinces ainsi que de la majorité des sièges à l’Assemblée nationale.