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Cibitoke : deux jeunes tués à la frontière burundo-rwandaise dans une affaire de contrebande de café

SOS Médias Burundi

Dans la nuit du 18 au 19 juin, deux jeunes affiliés à la ligue Imbonerakure — la branche jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD — ont été retrouvés morts sur la colline Nyamakarabo, commune de Mugina, dans la province frontalière de Cibitoke. Selon les premières informations recueillies sur place, ils auraient été lynchés alors qu’ils tentaient de faire passer illégalement une cargaison de café vers le Rwanda.

Les corps sans vie de Karenzo Nsanzamahoro et Claude Butoyi ont été découverts au petit matin du 19 juin, gisant sur les rives de la rivière Ruhwa. D’après des sources sécuritaires locales, les deux jeunes hommes, bien connus pour leur appartenance à la jeunesse du parti au pouvoir, transportaient environ 80 kilos de café au moment des faits.

Selon les premiers éléments de l’enquête, ils auraient été interceptés par des individus non identifiés côté rwandais, battus à mort à l’aide de bâtons, puis ramenés sur le territoire burundais. Leurs dépouilles présentaient de nombreuses traces de violence, signes d’un passage à tabac d’une extrême brutalité.

La nouvelle de ce double meurtre a provoqué une onde de choc dans la région, en particulier sur la colline Nyamakarabo. « Ils ont certes tenté une traversée illégale, mais méritaient-ils une mort aussi atroce ? », s’interroge un habitant, encore sous le choc.

Réagissant à cet acte, l’administratrice communale de Mugina, Julienne Ndayihaya, a condamné un « acte barbare » et annoncé l’ouverture d’enquêtes. Elle a également tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur croissante du trafic de café dans cette région frontalière. « En seulement deux mois, plus de 800 kilos de café ont été saisis. Il est temps que la population comprenne les risques de ces trafics illicites », a-t-elle souligné.

Par ailleurs, plusieurs sources locales évoquent l’éventualité de complicités internes : les deux jeunes auraient pu bénéficier de l’appui de certains responsables administratifs ou sécuritaires. Si ces soupçons venaient à être confirmés, ils mettraient en lumière l’existence d’un réseau structuré de contrebande, enraciné jusque dans les cercles de pouvoir locaux.

Ce drame survient dans un contexte particulièrement tendu. Officiellement fermée depuis plus d’un an, la frontière burundo-rwandaise reste une zone de non-droit où prospèrent les trafics clandestins. Le café, ressource stratégique dans cette région, attise les convoitises et alimente une économie parallèle difficile à enrayer.

Au-delà du choc provoqué, ce double homicide souligne la vulnérabilité des populations frontalières, le manque de contrôle de l’État dans certaines zones rurales, et l’urgence de renforcer la sécurité, la justice et la lutte contre la corruption.

Les regards sont désormais tournés vers les autorités judiciaires et sécuritaires. La population attend que la lumière soit faite sur ces assassinats et que tous les acteurs impliqués dans ce réseau de contrebande soient identifiés et traduits en justice.

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Photo : Une rue dans un centre situé entre Bweyeye et Ruhororo, à la frontière entre le Burundi et le Rwanda, l’une des zones où l’on signale régulièrement des activités de commerce illégal © SOS Médias Burundi