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Burundi : une assemblée nationale 2025-2030 entièrement dominée par le CNDD-FDD

SOS Médias Burundi

Le Burundi entame une nouvelle législature sous le sceau d’un monopartisme assumé. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé ce mercredi que l’ensemble des 100 députés élus lors des élections législatives et communales du 5 juin proviennent du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.

Aucun autre parti politique, aucune coalition ni même un candidat indépendant n’a franchi le seuil de 2 % des suffrages requis pour accéder à l’Assemblée nationale, a précisé le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye.

« Aucun autre regroupement n’a pu franchir ce seuil, ce qui rend le CNDD-FDD seul bénéficiaire des sièges parlementaires », a déclaré M. Ntahorwamiye.

Une domination totale dans toutes les provinces

Les résultats par province illustrent une hégémonie absolue du CNDD-FDD :

  • Buhumuza : 16 sièges sur 16
  • Bujumbura : 23 sièges sur 23
  • Burunga : 17 sièges sur 17
  • Butanyerera : 23 sièges sur 23
  • Gitega : 21 sièges sur 21

En plus de ces élus directs, la CENI a procédé à la cooptation de 8 députés hutu et 3 députés Batwa, conformément aux exigences constitutionnelles en matière de représentation ethnique (60 % hutu, 40 % tutsi). Ce mécanisme porte le total des députés à 111. Tous sont membres ou alliés du CNDD-FDD, à l’exception des cooptés.

Une victoire contestée par l’opposition

Ce résultat sans partage est vivement dénoncé par l’opposition, qui rejette en bloc la validité du scrutin. L’UPRONA, par la voix de son président Olivier Nkurunziza, refuse de reconnaître les résultats qu’il qualifie de frauduleux.

« Reconnaître ces élections serait une trahison », a-t-il déclaré, évoquant un processus « entaché de fraudes, d’intimidations et d’exclusion ». Il appelle également la communauté internationale à ne pas cautionner ce qu’il considère comme un « coup de force électoral ».

La coalition Burundi Bwa Bose, actuellement seule coalition politique active dans le pays, s’est également insurgée contre les résultats. Dans un communiqué, elle en appelle à la Cour constitutionnelle pour qu’elle invalide ce qu’elle qualifie de « résultats issus d’une tricherie exceptionnelle ».

La coalition accuse le pouvoir d’avoir manipulé les chiffres et fustige une « dérive autoritaire ayant ôté aux Burundais le droit d’élire librement leurs représentants ».

Un pluralisme menacé

L’absence totale de représentation de l’opposition au sein de la nouvelle Assemblée nationale soulève de profondes inquiétudes sur l’avenir du pluralisme politique au Burundi. Plusieurs formations politiques avaient déjà dénoncé une campagne électorale verrouillée, jalonnée d’intimidations, d’entraves au dépouillement et d’arrestations ciblées.

Le Parlement issu du scrutin du 5 juin s’ouvre donc dans un climat tendu, dominé par une seule formation politique. Une situation inédite, porteuse d’incertitudes, qui pourrait raviver les tensions politiques et sociales dans les mois à venir.

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Photo : Dépouillement des bulletins de vote dans un bureau de vote au Burundi lors des élections législatives et communales du 5 juin 2025 © SOS Médias Burundi