« On nous a chassés avec l’armée » : l’Uprona dénonce une fraude électorale massive en province de Bururi

SOS Médias Burundi
Bururi, 7 juin 2025 – Dans plusieurs localités de la province de Bururi, au cœur de la petite nation de l’Afrique de l’Est, les élections législatives et communales de ce jeudi 5 juin ont été entachées d’irrégularités flagrantes. Expulsions de mandataires Uprona, bourrages d’urnes, votes multiples, intimidations : selon des témoignages recueillis par SOS Médias Burundi, ces fraudes viseraient à garantir une large victoire au CNDD-FDD, le parti au pouvoir.
Les incidents rapportés se sont multipliés tout au long de la journée, notamment dans la commune de Mugamba, sur les collines Mugendo Ruko, Mugendo Ndengo et Nyakigano. Là, les mandataires de l’Uprona affirment avoir été expulsés manu militari des bureaux de vote vers 15 heures, alors qu’ils tentaient de formuler des observations sur le déroulement du dépouillement.
« On nous a dit que nous n’avions rien à suggérer sur le processus. Ensuite, ils ont appelé police et armée pour nous chasser. Nos téléphones ont été confisqués. Le dépouillement s’est poursuivi sans nous », témoigne l’un des mandataires joints par SOS Médias Burundi.
Les responsables de l’Uprona de la province dénoncent également d’autres pratiques frauduleuses observées dans plusieurs localités : des mandataires empêchés d’accéder aux bureaux de vote après une invalidation inexpliquée de leurs accréditations ; des bourrages d’urnes constatés en pleine journée ; le refus d’enregistrer les mandataires nationaux du parti.
Dans les rares bureaux où leur présence a été tolérée, les mandataires affirment qu’ils n’ont pas été autorisés à vérifier la concordance entre les bulletins et les résultats proclamés. Certains agents des bureaux de vote auraient même procédé à des votes en lieu et place d’électeurs absents, tandis que des militants du CNDD-FDD auraient pu voter plusieurs fois, en l’absence d’encre indélébile.
Autre fait signalé : dans plusieurs centres, des mandataires Uprona auraient été contraints de signer les fiches finales avant le début même du dépouillement. La quasi-totalité des centres visités auraient également été marqués par des intimidations et menaces contre les représentants du parti d’opposition.
Selon plusieurs témoins, dans certains centres, le vote pour les militants du CNDD-FDD aurait débuté dès 4 heures du matin, bien avant l’ouverture officielle des bureaux. Pire : certains mandataires affirment avoir vu des urnes déjà pleines, dissimulées sous des objets opaques avant même le début du scrutin.
Face à cette situation, les responsables locaux de l’Uprona montent au créneau :
« Nous ne reconnaîtrons jamais des résultats sortis d’un tel simulacre électoral », préviennent-ils.
Dans ce climat de fortes tensions, les responsables de l’Uprona appellent la CENI et les observateurs internationaux à faire toute la lumière sur ces irrégularités.
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Photo : un homme dans un bureau de vote du sud-Burundi, le 5 juin 2025 © SOS Médias Burundi

