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Élections au Burundi : des journalistes peinent à quitter Bujumbura pour couvrir le scrutin

SOS Médias Burundi

Bujumbura, 4 juin 2025- Mercredi soir, à la veille des élections législatives et communales prévues ce jeudi 5 juin 2025, plusieurs journalistes burundais restaient bloqués à Bujumbura, incapables de rejoindre leurs zones d’affectation en raison d’importantes difficultés logistiques. Cette situation menace la couverture médiatique du scrutin, notamment dans des régions sensibles ou enclavées.

Alors que le Burundi s’apprête à organiser des élections législatives et communales, de nombreux journalistes burundais rencontrent de sérieuses difficultés logistiques pour rejoindre leurs zones d’affectation. Plusieurs d’entre eux, notamment ceux assignés à des régions reculées comme Rutana à l’est, Bukinanyana dans la province de Cibitoke au nord-ouest, ou encore Nyanza-Lac, en province de Makamba au sud, étaient toujours bloqués à Bujumbura au moment de l’organisation des derniers départs.

Les journalistes interrogés par SOS Médias Burundi dénoncent un manque criant de moyens.

« Nous n’avons pas de budget, pas de carburant, et surtout aucune coordination claire », confie l’un d’eux.
« Il devient pratiquement impossible de rejoindre certaines communes enclavées dans les délais », poursuit-il.

Certains de leurs collègues dits « chanceux » devraient parvenir à rejoindre leur zone d’attache au petit matin, sans avoir pu se reposer, et devront commencer à travailler immédiatement dans des conditions très difficiles, parfois sans bien connaître les réalités locales.

Des zones sensibles sont également concernées, comme celles proches de la réserve naturelle de la Kibira, théâtre d’opérations de groupes armés ces derniers mois. Le déploiement tardif des journalistes compromet une couverture médiatique complète et efficace, notamment dans ces régions à risque sécuritaire.

Seuls les journalistes intégrés dans la synergie des médias mise en place pour couvrir les élections bénéficient d’un encadrement minimal. Les autres doivent obtenir une accréditation spéciale de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), un processus perçu comme lourd et parfois dissuasif.

Nombreux sont ceux qui redoutent de ne pas pouvoir accomplir leur mission dans de bonnes conditions, une situation qui risque d’entraver la transparence du scrutin sur l’ensemble du territoire.

À Bujumbura, plusieurs journalistes restaient encore regroupés à la Maison de la Presse, dans l’attente de véhicules ou de carburant. « Les véhicules sont en train de faire le plein. On attend que la situation se débloque pour pouvoir partir. C’est épuisant », a confié un membre de l’organisation de la synergie des médias, mercredi soir aux environs de 21h.

Dans les groupes de discussion entre professionnels de l’information, rares sont ceux qui osent commenter ouvertement la situation. Certains la minimisent, évoquant un contexte sous contrôle, tandis que d’autres préfèrent garder le silence, par crainte de représailles.

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Photo : des journalistes burundais, regroupés au sein de la synergie des médias, coincés à la Maison de la Presse dans la capitale économique Bujumbura, mercredi soir © SOS Médias Burundi