Scrutin du 5 juin : les alliés de Rwasa dénoncent une élection verrouillée par le pouvoir
SOS Médias Burundi
À la veille des élections communales et législatives au Burundi, plusieurs figures de l’opposition dénoncent un processus électoral biaisé et verrouillé par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Tandis qu’Aimé Magera appelle au boycott, Agathon Rwasa parle d’un simulacre de démocratie. Une lettre ouverte signée par des parlementaires proches de Rwasa souligne les nombreuses irrégularités et violations du cadre démocratique.
À deux jours des élections législatives et communales prévues ce 5 juin, l’opposition burundaise intensifie ses critiques. Tandis qu’Aimé Magera, représentant international du Congrès National pour la Liberté (CNL), appelle clairement au boycott, Agathon Rwasa, président du Congrès National pour le Changement (CNC), qualifie le processus électoral de « mise en scène orchestrée par le CNDD-FDD ». En parallèle, 19 députés et un sénateur fidèles à Rwasa ont adressé une lettre ouverte au président de la République pour dénoncer un scrutin qu’ils jugent biaisé — sans toutefois appeler à l’abstention.
Magera dénonce une exclusion déguisée
Dans une déclaration transmise à SOS Médias Burundi, Aimé Magera affirme que le CNL n’a pas choisi le boycott par principe, mais a été exclu de facto du processus électoral : « Le CNDD-FDD a peur de la concurrence. Il a verrouillé l’espace politique, imposé sa propre CENI, et écarté nos militants des listes électorales. »
À ses yeux, participer au vote dans de telles conditions reviendrait à cautionner un régime autoritaire. Il exhorte ainsi les citoyens à s’abstenir ou à invalider leur bulletin : « Même en exil, nos militants sont traqués. Nous faisons face à une dictature militaire qui n’a jamais gagné une élection de manière honnête depuis 2010. »
Rwasa : « Un simple show politique »
Agathon Rwasa, qui revendique toujours la présidence du CNC malgré l’interdiction de son parti, s’est exprimé dans un entretien exclusif accordé à SOS Médias Burundi. Il y qualifie le scrutin à venir de « show orchestré par le CNDD-FDD » : « Le vote n’a plus de sens lorsque l’essentiel des forces d’opposition sont réduites au silence ou exclues du jeu politique. »
Selon lui, le parti au pouvoir mène une campagne sans véritable adversaire, après avoir écarté toute forme de concurrence. Il y voit un grave recul démocratique et un processus vidé de toute légitimité.

Agathon Rwasa, longtemps figure centrale de l’opposition burundaise, écarté du scrutin du 5 juin 2025 et privé du contrôle de son parti, le CNL © SOS Médias Burundi
Une lettre ouverte en guise d’alerte
Un groupe de 19 députés et un sénateur — tous membres du CNL proches de Rwasa, dont Rwasa lui-même — ont signé une lettre ouverte au président de la République. Sans appeler directement au boycott, ils y dénoncent une série de dérives :
- Absence de consensus dans la désignation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ;
- Imposition unilatérale du nouveau code électoral ;
- Interdictions ciblées de campagne visant les partis d’opposition ;
- Climat d’intimidation généralisé.
Les signataires appellent le chef de l’État à revenir aux principes constitutionnels et à instaurer un cadre électoral véritablement démocratique.
La diaspora et la communauté internationale interpellées
Aimé Magera s’est également adressé à la diaspora burundaise, l’invitant à ne pas rester passive : « Le pays nous appartient à tous. Si le Burundi sombre, ce sont vous, à l’étranger, qui porterez les conséquences. »
Il salue le refus de la communauté internationale d’envoyer des observateurs pour ces élections, mais l’exhorte à aller plus loin : « Il est temps de sortir du silence et de se ranger du côté des opprimés. »
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Photo : Aimé Magera, représentant international du Congrès National pour la Liberté (CNL), fidèle d’Agathon Rwasa © DR
