Burunga : l’opposition bâillonnée, la CENI regarde ailleurs
SOS Médias Burundi
Burunga, 26 mai 2025 – La campagne électorale dans la nouvelle province de Burunga (sud-est du Burundi) vire à l’affrontement déséquilibré entre le pouvoir et l’opposition. Arrestations, violences, restrictions administratives, inégalités logistiques : plusieurs partis dénoncent une répression ciblée, pendant que la Commission électorale provinciale parle de « mauvaise organisation ».
Le Conseil des Patriotes (CDP), l’UPRONA, la coalition Burundi Bwa Bose, et même l’ancien Vice-Président Gaston Sindimwo, en ont fait les frais.
Répression et harcèlement
Ferdinand Nkurunziza, porte-parole du CDP, accuse ouvertement le CNDD-FDD d’utiliser les moyens logistiques de l’État, tandis que les partis d’opposition manquent de carburant et de véhicules pour se déplacer.
Selon lui, les cas de violences et d’intimidations se multiplient :
À Rutana, Égide Hakizimana, responsable provincial du CDP, a été arrêté le 19 mai. Il reste détenu au cachot du commissariat communal, sans justification officielle.
À Gitanga, Léonard Nahabandi, mobilisateur du même parti, a été contraint par le chef de zone de Kinzanza à signer un engagement de cesser toute activité politique.
À Rweza, en périphérie de Bujumbura (capitale économique), quatre militants du CDP ont été violemment agressés par des Imbonerakure, dont un identifié comme Guillaume. L’un des blessés est hospitalisé dans un état critique. Les Imbonerakure sont les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Ils sont régulièrement cités dans des cas de répression contre les opposants ou supposés tels.
Des entraves généralisées
La coalition Burundi Bwa Bose n’est pas épargnée. Plusieurs de ses membres ont été empêchés de tenir des réunions ou interpellés à Rutana, Makamba, Rumonge et Gitanga. À Kibago, un meeting a été interdit. À Nyanza-Lac, des militants ont été blessés ou arrêtés.
Même des figures politiques de haut rang sont ciblées. Le 26 mai, Gaston Sindimwo, ancien Vice-Président et chef de campagne du CDP, a été bloqué à Musongati par le percepteur des taxes communales, sur ordre de l’administrateur. Il se rendait à une activité politique en commune Mpinga-Kayove. Aucune justification légale n’a été fournie.
Un climat tendu, une CENI peu convaincante
Olivier Nkurunziza, responsable national de l’UPRONA, dénonce un harcèlement systématique des partis d’opposition, constaté dès le début de la campagne à Burunga.
Contactée, la Commission Électorale Provinciale Indépendante (CEPI), par la voix de Philemon Nahabandi, minimise : « La CENI n’exclut personne. Ceux qui se préparent bien mènent leur campagne sans obstacles. »
Mais sur le terrain, les témoignages convergent : la campagne en province Burunga est loin d’être équitable ni sécurisée. Opposants et observateurs appellent à une intervention urgente des institutions nationales pour garantir un minimum de démocratie avant les scrutins à venir.
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Photo d’illustration : Un homme dans un bureau de vote aménagé par la CENI au Burundi © SOS Médias Burundi
