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Des cotisations forcées au profit du CNDD-FDD dénoncées dans l’Est du Burundi

SOS Médias Burundi

Depuis plusieurs mois, les populations de l’Est du Burundi subissent une pression grandissante pour verser des contributions financières au parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Entre intimidations et menaces, cette collecte forcée alimente un climat de peur, alors que l’administration locale choisit de fermer les yeux.

Depuis mars dernier, dans les provinces de Ruyigi, Cankuzo et Muyinga, les habitants se voient contraints de verser des cotisations financières au parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Cette campagne, orchestrée par des cadres administratifs affiliés au parti, s’accompagne de menaces de représailles envers ceux qui refusent de payer. Malgré ces pressions, l’administration locale reste sourde aux doléances des populations.

Les témoignages recueillis par SOS Médias Burundi décrivent une campagne de collecte forcée qui s’étend dans plusieurs localités de l’Est du pays. Officiellement, ces cotisations viseraient à « assurer le bon déroulement des élections » prévues en juin prochain. En réalité, il s’agit d’une pression constante exercée par les structures locales du CNDD-FDD, utilisant intimidation et chantage pour s’assurer de la participation financière des habitants.

Au début, ce sont des militants du parti qui allaient, en plein jour, de maison en maison pour collecter l’argent et remettre un reçu. Depuis peu, la méthode a changé : ce sont désormais les chefs de dix ménages (Nyumbakumi), ainsi que les responsables de quartiers et de collines, qui sont chargés de collecter ces cotisations.

« Ceux qui ne paient pas se voient parfois refuser des services administratifs essentiels », rapporte une habitante de Muyinga. « Il est devenu impossible d’obtenir une signature pour un contrat de vente de terrain ou de maison, ou pour toute transaction importante. Certains sont même traités de traîtres, accusés de collaborer avec l’ennemi rwandais qui chercherait à déstabiliser le régime. »

Cette pression s’exerce principalement dans les provinces de Ruyigi, Cankuzo et Muyinga, qui doivent être fusionnées après les élections pour former la future province du Buhumuza. Certains observateurs y voient une volonté du CNDD-FDD de renforcer son contrôle dans cette région stratégique.

Les montants exigés varient selon les catégories sociales : 5.000 francs burundais pour les agriculteurs, 10.000 pour les fonctionnaires de niveau moyen, et plus de 20.000 pour les hauts cadres. Dans les écoles et les hôpitaux, des listes de cotisants sont établies, créant un climat d’inquiétude et de malaise.

Les partis d’opposition dénoncent une injustice flagrante.

« Nous manquons de ressources pour faire campagne, tandis que le CNDD-FDD bénéficie d’un financement imposé à la population », déplore un responsable local d’un parti rival.

Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été rendue publique. Cependant, plusieurs sources confirment que ce sont bien des administratifs, membres du CNDD-FDD à la base, qui menacent ouvertement ceux qui refusent de payer. Informée de la situation, l’administration territoriale choisit de fermer les yeux.

À l’approche des élections, entre peur, silence et résignation, les habitants de l’Est ressentent lourdement la mainmise d’un parti qui confond structures étatiques et appareil politique.

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Photo : Un reçu remis à un ménage s’étant acquitté de la cotisation imposée par le CNDD-FDD à tous les résidents des provinces de l’Est, sans distinction politique © SOS Médias Burundi