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Mbuye : les Imbonerakure accusés d’un meurtre atroce dans une impunité totale

SOS Médias Burundi

À Mbuye, dans la province de Muramvya, un moniteur agricole a été enlevé, mutilé et tué dans des conditions d’une extrême violence. Des membres présumés des Imbonerakure sont directement pointés du doigt, mais aucune arrestation n’a été effectuée. Ce drame relance les accusations d’impunité envers cette ligue de jeunesse du parti au pouvoir, déjà citée dans de nombreux abus.

La commune de Mbuye, au centre du Burundi, est sous le choc après le meurtre particulièrement cruel d’Oscar Ndayisaba, moniteur agricole de 49 ans et père de cinq enfants. Enlevé, mutilé puis exécuté, il aurait été tué par des membres présumés des Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti CNDD-FDD. À ce jour, aucune arrestation n’a été effectuée, alimentant les accusations d’impunité récurrentes visant ce groupe.

Les faits se sont déroulés le 6 mai 2025, dans le centre de négoce de Mabuga, sur la colline Taba. D’après un témoin oculaire, quatre Imbonerakure, conduits par un certain Jados Niyonkuru, auraient intercepté M. Ndayisaba avant de le conduire de force vers une zone de brousse située à proximité de la rivière Mubarazi. Là, selon ce même témoin, il aurait été violemment passé à tabac avant d’être égorgé « comme une bête ».

Le crime ne s’est pas arrêté là. Toujours selon des sources locales, les assaillants auraient ensuite décapité la victime et mutilé son corps, lui tranchant les organes génitaux. Cette barbarie aurait été commise sous prétexte d’une accusation de sorcellerie — un motif souvent invoqué dans la région pour masquer des règlements de comptes d’ordre personnel ou politique.

Le chef de la colline Taba, Salomon Nduwimana, confirme les faits. Il précise que le corps sans vie d’Oscar Ndayisaba a été transporté à l’hôpital de Gasura avant d’être inhumé le 7 mai. La tête et les parties génitales de la victime n’ont, à ce jour, toujours pas été retrouvées.

Interrogée sur le déroulement de l’enquête, l’administratrice communale de Mbuye, Évelyne Ndayisasire, affirme que la police a ouvert une procédure. Toutefois, aucun suspect n’a encore été arrêté, ce qui renforce le sentiment d’impunité ressenti par la famille de la victime. Celle-ci accuse les autorités locales de fermer les yeux sur les agissements de certains groupes et réclame que justice soit rendue.

Ce n’est pas la première fois que les Imbonerakure sont pointés du doigt pour des actes de violence. À travers le pays, de nombreuses organisations, tant locales qu’internationales, les accusent d’être impliqués dans des actes de torture, d’intimidation, d’arrestations arbitraires et de harcèlement, notamment à l’encontre de membres de l’opposition ou de citoyens critiques du régime. Pourtant, dans la plupart des cas documentés, les auteurs présumés échappent à toute poursuite judiciaire.

Le meurtre d’Oscar Ndayisaba ravive ainsi les craintes d’une population qui se sent abandonnée par les institutions censées la protéger. Pour les habitants de Mbuye, ce drame est l’illustration tragique d’un système où la peur règne, où la parole se tait, et où la justice semble céder le pas au silence.

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Photo : Des Imbonerakure en parade militaire en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée leur dédiée, le 31 août 2024 à Bujumbura © SOS Médias Burundi