SOS Médias Burundi

Cibitoke, 16 mai 2025- Deux corps vêtus d’uniformes militaires congolais ont été découverts jeudi 15 mai en fin d’après-midi sur la colline Rusiga, en commune Rugombo de la province de Cibitoke (nord-ouest du Burundi), à la frontière entre la petite nation de l’Afrique de l’Est et la République démocratique du Congo. Une affaire mystérieuse qui soulève de nombreuses questions au sein de la population locale.

Selon des habitants de la colline Rusiga, ce sont des enfants qui gardaient leurs chèvres près de la rivière Rusizi qui ont aperçu les deux cadavres flottant près de la transversale 11. Alertés, des agents des forces de sécurité burundaises en patrouille ont rapidement investi les lieux. Ils ont confirmé qu’il s’agissait d’hommes portant des tenues de l’armée congolaise (FARDC).

Mais ce qui semblait au départ n’être qu’un incident isolé s’est vite transformé en sujet de vive spéculation. Plusieurs sources sécuritaires dans la région assurent que les victimes ne seraient pas des soldats congolais, mais plutôt de jeunes Imbonerakure — les membres de la ligue de jeunesse du parti CNDD-FDD au pouvoir au Burundi — qui auraient été envoyés combattre aux côtés des FARDC contre les rebelles du M23.

« Certains d’entre eux auraient tenté de fuir le front, ce qui aurait conduit à leur exécution afin d’éviter des fuites d’informations sensibles », confie une source sécuritaire locale, sous couvert d’anonymat.

Le mystère s’épaissit davantage lorsqu’un véhicule immatriculé D0517A, connu pour appartenir au Service national de renseignement (SNR) de Cibitoke, est intervenu rapidement sur les lieux pour récupérer les corps. Leur destination reste inconnue.

Sollicité par SOS Médias Burundi, le chef local de la documentation a décliné tout commentaire. L’administrateur communal de Rugombo, lui, a reconnu la découverte des corps, tout en affirmant attendre les conclusions d’un rapport d’enquête établi par un agent du SNR.

Ce n’est pas la première fois que des découvertes macabres secouent cette province frontalière. Ces dernières années, plusieurs corps sans vie ont été repêchés dans la Rusizi ou retrouvés dans des fossés, parfois mutilés ou ligotés. À chaque fois, les circonstances exactes de ces morts restent floues, et les enquêtes annoncées peinent à livrer des conclusions claires.

La répétition de ces incidents, souvent accompagnés du silence ou du flou des autorités, alimente un climat de peur et de suspicion dans cette région déjà marquée par les tensions transfrontalières et les activités des services de renseignement.

En attendant des éclaircissements, la population reste sous le choc. « On ne sait pas qui sont ces morts, ni pourquoi ils ont été tués ici. Et personne n’ose poser trop de questions », confie un habitant de Rusiga.

Le silence des autorités ne fait qu’alimenter la peur et les interrogations, dans une région où l’insécurité ne semble jamais totalement écartée.

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Photo : deux hommes sur une barque dans la rivière Rusizi non loin de laquelle les deux corps ont été retrouvés ©SOS Médias Burundi