Bubanza : abandonnées par leurs maris, des femmes sombrent, des enfants en paient le prix
SOS Médias Burundi
Bubanza, 13 mai 2025- À Bubanza, les conséquences de l’abandon familial se font de plus en plus dramatiques. Deux événements tragiques survenus en l’espace de deux semaines mettent en lumière la détresse dans laquelle sont plongées certaines femmes livrées à elles-mêmes… et les enfants qui en souffrent.
Dans le centre urbain de Bubanza, l’abandon des ménages par des hommes partis chercher du travail – souvent sans jamais revenir – plonge les femmes dans des situations de précarité extrême. Deux faits récents illustrent cette crise silencieuse, dont les premières victimes sont les enfants.
Dans un premier cas, une femme a laissé son nourrisson chez un voisin avant de disparaître sans laisser de traces. Le voisin, désemparé, a alerté la famille du père de l’enfant. « Avant de partir, elle m’a confié son bébé en disant que le père les avait abandonnés, qu’elle n’avait plus rien. Elle m’a dit : ‘Vous avez toujours été de bon conseil, retrouvez le père’ », témoigne-t-il. Grâce à l’intervention des voisins, le père a été retrouvé. Il a reconnu l’enfant et a commencé à lui fournir du lait en poudre pour assurer sa survie.
Un drame insoutenable à Gisovu
Mais le second cas a tourné à la tragédie. Violette Nishuye, une femme de la colline Kabirizi, a tué son propre fils de trois ans. Abandonnée par son mari et en détresse psychologique, elle l’a étranglé puis jeté dans une fosse septique de douze mètres de profondeur. Le drame s’est déroulé jeudi, mais c’est vendredi matin qu’elle a indiqué elle-même à la police l’endroit où elle avait déposé le corps, emballé dans des linges. La scène, survenue au quartier Gisovu, a attiré une foule nombreuse, choquée et en colère. Il a fallu l’intervention de la police pour éviter un lynchage.
Selon le chef de la sous-colline Kabirizi, Violette travaillait comme domestique à Bujumbura- la ville commerciale où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale, tandis que l’enfant vivait chez ses grands-parents. Après sa séparation, elle est revenue à Bubanza où elle vivait seule avec son fils. « Elle aurait pu le confier à d’autres mères plutôt que de commettre l’irréparable », s’indigne une habitante présente lors de l’arrestation.
Des unions précaires, une éducation en péril
Dans cette région de l’ouest du Burundi, les mariages dits « illégaux » – des unions non enregistrées ni reconnues légalement – sont nombreux. Ils exposent les femmes à l’abandon et les enfants à l’insécurité. Pour certaines mères en situation de rupture, sans soutien moral ni matériel, la survie devient un combat quotidien.
« L’éducation de nos enfants est en train de s’effondrer », alerte une habitante. « Aujourd’hui, des filles de 10 ans se vantent d’avoir des copains. On assiste à une dégradation inquiétante des comportements. »
Face à cette situation, les autorités locales appellent à un sursaut communautaire. L’administration exhorte les parents à surveiller l’éducation de leurs enfants, à lutter contre les unions précaires, et à renforcer le tissu familial pour prévenir de tels drames.
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Photo : des femmes commerçantes sur le marché de Bubanza à l’ouest du Burundi © SOS Médias Burundi
