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Bubanza : un infanticide tragique relance le débat sur l’abandon des mères vulnérables

SOS Médias Burundi

À Gisovu, une colline de la commune Bubanza dans l’ouest du Burundi, une mère célibataire en proie à de graves difficultés financières a été arrêtée pour avoir tué son enfant de trois ans. Ce drame met en lumière les lacunes criantes de l’accompagnement social des familles vulnérables dans le pays.

Les faits se sont déroulés le vendredi 9 mai. Selon plusieurs témoins, Violette Nishuye, la mère de l’enfant, aurait égorgé son fils dans l’après-midi, avant de cacher le corps dans une latrine. Alertées, les forces de l’ordre l’ont interpellée peu après. Le choc est immense au sein de la communauté locale.

D’après les premiers témoignages recueillis sur place, la jeune femme aurait évoqué un différend avec le père de l’enfant, qui refusait de lui verser une pension alimentaire. « Elle a dit qu’elle n’en pouvait plus, que le père ne l’aidait pas, et qu’elle a fini par perdre le contrôle », rapporte un habitant de Gisovu, visiblement ébranlé.

Mais cette explication n’a pas suffi à apaiser la colère des habitants. « Ce n’est pas la première fois qu’un drame pareil se produit. Il est temps que la justice soit exemplaire », fulmine une autre voix dans le village.

Jointe par SOS Médias Burundi, l’administratrice communale de Bubanza, Olive Niyonkuru, a confirmé les faits et souligné que la suspecte pourrait souffrir de troubles mentaux. « Elle aurait des problèmes psychologiques, mais seule l’enquête en cours permettra de déterminer avec précision les circonstances de ce geste », a-t-elle précisé.

Un mal-être silencieux

Pour un psychologue social basé à Bujumbura, ce type de violence extrême est souvent le résultat d’un enchaînement de facteurs : précarité économique, isolement et détresse psychologique. « Il existe un réel vide en matière d’écoute et d’accompagnement psychologique, surtout dans les zones rurales », alerte-t-il.

Selon lui, les mères isolées sont particulièrement exposées. « Lorsqu’une femme se retrouve seule, sans soutien familial ni institutionnel, dans un contexte de pauvreté aiguë, cela peut engendrer des actes de désespoir. »

Ce drame tragique relance une fois de plus le débat sur la nécessité d’un système de soutien social plus robuste, capable d’identifier et d’aider en amont les personnes en situation de détresse extrême.

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Photo : Des femmes se promènent dans une rue du quartier Matonge au chef-lieu de la province de Bubanza à l’ouest du Burundi © SOS Médias Burundi