Murwi : un sexagénaire tué à la machette, deux jeunes Imbonerakure arrêtés
SOS Médias Burundi
Un nouveau meurtre endeuille la commune de Murwi, dans la province de Cibitoke. Darius Nduwayo, 62 ans, a été tué à la machette dans sa maison. Deux jeunes Imbonerakure, également membres de sa famille, ont été arrêtés. Ce drame s’inscrit dans une série de violences non élucidées qui inquiètent les habitants.
La commune Murwi, dans la province de Cibitoke, est de nouveau endeuillée par un crime violent. Dans la nuit du 6 au 7 mai, Darius Nduwayo, âgé de 62 ans et père de neuf enfants, a été tué à la machette alors qu’il dormait chez lui sur la colline Kigazi, dans la zone Buhayira. Son corps sans vie a été découvert au matin dans sa maison.
Très vite, les soupçons se sont portés sur deux jeunes membres de la ligue des Imbonerakure, la branche jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Les deux suspects, proches parents de la victime, ont été arrêtés par la police. Selon une source sécuritaire, ils seraient cités dans plusieurs affaires de meurtres non élucidés dans la région. L’hypothèse d’un conflit foncier, récemment tranché en faveur de la victime par la justice, est évoquée comme mobile possible.
Des tensions persistantes dans la commune
Ce drame s’ajoute à une série d’homicides survenus ces derniers mois à Murwi, souvent dans des conditions similaires, et rarement élucidés. Le sentiment d’insécurité grandit dans la population locale, nourri par une impression d’impunité.
« Ce n’est pas la première fois que des gens sont tués dans cette zone sans qu’aucun responsable ne soit poursuivi », déplore un habitant de Kigazi, sous couvert d’anonymat.
Le rôle controversé des Imbonerakure
Les deux suspects sont membres des Imbonerakure, terme kirundi signifiant « ceux qui voient loin ». Cette ligue constitue la jeunesse du CNDD-FDD, ancien mouvement rebelle devenu parti au pouvoir en 2005 à la suite de l’accord d’Arusha. Présents dans toutes les provinces, les Imbonerakure sont officiellement chargés d’encadrer la jeunesse et de soutenir les activités du parti.
Cependant, de nombreuses organisations de défense des droits humains accusent régulièrement cette structure de violences : intimidations, agressions contre des opposants, arrestations illégales, voire exécutions extrajudiciaires. Ils participent également à des patrouilles nocturnes aux côtés des forces de l’ordre, notamment pour surveiller les frontières.
Les autorités appellent au calme
Joint par SOS Médias Burundi, l’administrateur communal de Murwi, Melchiad Nzokizwanayo, appelle à la prudence : « Il est trop tôt pour parler d’une quelconque implication politique. Attendons les résultats de l’enquête. »
Malgré cet appel au calme, l’inquiétude reste vive sur les collines. Les familles endeuillées réclament justice, tandis que les autorités judiciaires poursuivent leurs investigations sous la supervision du parquet de Cibitoke. En attendant, c’est la peur et le silence qui règnent à Kigazi.
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Photo : Des résidents de Cibitoke devant le tribunal de province pour suivre le procès d’un homme qui a tué son fils, le 6 mars 2025. C’est le même tribunal qui va juger les deux Imbonerakure © SOS Médias Burundi
