Rutana : des réfugiés congolais en colère après un présumé détournement d’aide humanitaire

SOS Médias Burundi
Alors qu’une aide humanitaire d’envergure a récemment été remise aux réfugiés congolais de Musenyi par les Premières Dames du Burundi et de la RDC, des tensions ont éclaté sur le site. Des vivres auraient disparu, alimentant soupçons, colère et manifestations.
Une vive tension a secoué cette semaine le site de Musenyi, dans la province de Rutana (sud-est du Burundi), où des centaines de réfugiés congolais ont manifesté pour dénoncer ce qu’ils estiment être un détournement de l’aide humanitaire récemment remise par les Premières Dames du Burundi et de la République Démocratique du Congo (RDC).
En signe de protestation, les réfugiés ont érigé des barricades de fortune – troncs d’arbres et pierres – bloquant les routes menant au site. Selon plusieurs témoins, deux camions remplis de vivres, notamment de la farine de maïs et du sucre, auraient quitté Musenyi en pleine journée sans aucune explication officielle. Les manifestants affirment qu’il s’agissait de produits issus de l’importante aide offerte lors des récentes visites conjointes des Premières Dames.
« Nous vivons dans la misère. Et quand enfin une aide arrive, on la voit partir en camion sans qu’on sache pourquoi. C’est révoltant », s’indigne Argot, réfugié depuis quatre mois sur le site.
Alertées par la montée de la colère, les autorités locales ont ordonné, sur instruction de leur hiérarchie, le blocage immédiat des camions restants, jugeant que leur déplacement n’avait pas été validé par les services gouvernementaux compétents. La police burundaise a été déployée pour éviter tout débordement.
Malgré cette intervention, la méfiance est restée palpable. Dans la nuit, plusieurs jeunes réfugiés ont campé sur les routes, exigeant des explications claires en présence de représentants du gouvernement burundais, de la RDC ainsi que du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
« On nous a promis une aide généreuse. On parle de 30 conteneurs, mais on ne reçoit qu’un kilo de riz, un kilo de haricots et un kilo de farine. Où est passé le reste ? », questionne Kevin, un autre réfugié.
Le calme n’est revenu que le jeudi 1er mai, après l’intervention de Dieudonné Sumbu, représentant des réfugiés à Musenyi. Ce dernier a engagé un dialogue avec les responsables du HCR, qui ont tenté de rassurer la population. Selon leur version, le transfert des vivres vers la province voisine de Ruyigi serait dû à un manque d’espace de stockage temporaire à Musenyi.
Face à l’indignation suscitée, l’ambassade de la RDC a rapidement envoyé une délégation sur place. Elle a appelé les réfugiés au calme, tout en promettant l’ouverture d’une enquête sur la gestion et la distribution de l’aide.
Pour rappel, lors de leur visite, les Premières Dames avaient promis un appui humanitaire massif. La Première Dame du Burundi a fait don de dix tonnes de riz, une tonne de haricots, de la farine de maïs, de l’huile, des pagnes et du savon. Son homologue congolaise, quant à elle, a offert 225 tonnes de farine de maïs, 100 tonnes de haricots, 75 tonnes de sucre, 40 tonnes de soja, des vêtements, du savon et plus de 43 000 paquets de serviettes hygiéniques.
Le site de Musenyi accueille actuellement plus de 18 000 réfugiés congolais ayant fui les violences dans l’est de la RDC.
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Photo : Une partie du site de Musenyi abritant des réfugiés congolais ,avril 2025 © SOS Médias Burundi