Bujumbura : le journaliste Kenny Claude Nduwimana maintenu en prison malgré l’expiration des délais d’appel

Bujumbura, 30 avril 2025- Au mépris du Code de procédure pénale burundais, le journaliste Kenny Claude Nduwimana reste détenu alors que le ministère public a interjeté appel hors délai. Ce maintien en détention, jugé illégal par la CNIDH dès janvier, relance les inquiétudes sur l’indépendance de la justice burundaise.
Le journaliste Kenny Claude Nduwimana a comparu ce mercredi à la prison centrale de Mpimba, à Bujumbura, dans un climat de vives critiques sur la légalité de sa détention. Le ministère public a introduit un appel plus d’un mois après le délai de 90 jours prévu par le Code de procédure pénale. Une violation manifeste de la loi, dénoncée dès janvier 2025 par la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH).
Condamné à huit mois de prison le 26 août 2024, Nduwimana avait déjà purgé dix mois de détention préventive au moment du verdict. L’attestation de non appel délivrée le 12 décembre 2024 par la Cour d’appel de Bujumbura indiquait qu’aucun recours n’avait été formé dans les délais. Pourtant, le ministère public a déposé un appel tardif le 21 janvier 2025.
Ce mercredi, une audience inopinée a eu lieu dans l’enceinte de la prison de Mpimba, en présence d’un seul des avocats du journaliste. La défense a souligné les multiples entorses à la procédure. L’affaire a été mise en délibéré, le jugement attendu dans un délai d’un mois.
En janvier 2025, Sixte Vigny Nimuraba, alors président de la CNIDH, avait évoqué le cas du journaliste lors d’une séance à l’Assemblée nationale :
« Il reste à Mpimba alors qu’il devrait être libre. Croyez-vous que cela ne va pas entraîner des conséquences pour le pays ? Il faut bien voir », avait-il averti.
Ce même Nimuraba a récemment fui le pays, visé par des soupçons de malversations financières. Sa fuite survient dans un contexte de tensions politiques croissantes entre institutions, accentuant les inquiétudes sur l’usage de la justice à des fins politiques.
Kenny Claude Nduwimana affirme être la cible de représailles pour avoir dénoncé la spoliation de terrains publics. Il s’interroge sur le traitement différencié entre lui et son co-accusé, l’ex-diplomate Médard Muhiza, laissé en liberté.
« Si la loi est universelle et que les Burundais sont égaux devant la loi, pourquoi suis-je en prison alors que mon co-accusé est libre ? », questionne-t-il.
Le journaliste, accusé d’escroquerie et d’atteinte à l’honneur via les réseaux sociaux, plaide pour le respect de la Constitution et des procédures judiciaires.
« Si la justice burundaise est vraiment indépendante, je dois être libéré », conclut-il.
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Photo : Kenny Claude Nduwimana, le journaliste burundais détenu en violation de la loi © SOS Médias Burundi