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Nyarugusu : un réfugié burundais tué par la police lors d’une opération controversée

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SOS Médias Burundi

Nyarugusu, 29 avril 2025- Un réfugié burundais a été tué par balle ce mardi dans le camp de Nyarugusu, en Tanzanie, lors d’une violente interpellation policière. Cinq autres personnes ont été grièvement blessées et plusieurs boutiques saccagées. Les réfugiés dénoncent une opération brutale camouflée sous prétexte de lutte contre le « commerce illégal ».

Selon des témoignages concordants recueillis sur place, tout a commencé dans la matinée quand des policiers tanzaniens ont effectué une descente dans la zone 10 du camp, visant un commerçant burundais surnommé Ntahimpera. Ils ont saisi une importante quantité de marchandises de sa boutique, notamment des habits, du sucre, de la farine et des produits cosmétiques.

Cette opération a suscité la colère de nombreux réfugiés qui se sont rassemblés pour protester. Certains ont tenté d’empêcher la saisie et ont jeté des pierres sur le pick-up de la police, brisant ses vitres et blessant quelques agents. En réponse, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes avant d’utiliser des balles réelles pour disperser la foule.

« Un jeune homme du nom d’Olivier a été tué sur-le-champ. Cinq autres ont été grièvement blessés et sont actuellement en soins intensifs à l’hôpital de Kasulu », témoignent plusieurs réfugiés. Un policier en civil a également été agressé par les manifestants.

Des représailles musclées ont suivi. La police a perquisitionné plusieurs maisons, cassant portes, marmites, et effets personnels, selon des réfugiés. « Ils ont versé l’eau, mélangé la farine avec du sable, brûlé des vêtements. C’était de la pure vengeance », décrit un habitant de la zone 10.

Plusieurs réfugiés ont été arrêtés dans la foulée, accusés de trouble à l’ordre public. Mais de leur côté, les réfugiés affirment avoir agi en légitime défense. Ils accusent la police de pillage déguisé en opération de sécurité.

« Comment parler de commerce illégal alors que l’administration du camp perçoit des taxes et délivre des permis à ces commerçants ? », s’interroge un leader communautaire.

Ce n’est pas la première fois que ce genre d’accusations surgit. Le mois dernier, des incidents similaires ont été signalés au camp de Nduta, un autre site accueillant des réfugiés burundais.

Des hommes transportent un réfugié burundais atteint par balles de la police tanzanienne, le 29 avril 2025 à Nyarugusu © SOS Médias Burundi

Pour de nombreux réfugiés, ces opérations policières répétées pourraient faire partie d’un plan plus large visant à fermer progressivement les camps de réfugiés burundais en Tanzanie. Cette hypothèse est renforcée par la récente visite d’une délégation burundaise qui a exhorté les réfugiés à rentrer massivement au pays. Les autorités tanzaniennes avaient alors promis de mettre en œuvre des « stratégies pour encourager le rapatriement volontaire».

Mais les réfugiés du camp de Nyarugusu, réputé pour son faible taux d’enregistrement au rapatriement, dénoncent ce qu’ils considèrent comme une forme de pression. « Ce retour est forcé, pas volontaire. Nous demandons au HCR d’intervenir. Sinon, nous sommes abandonnés », a confié un représentant des réfugiés.

La Tanzanie héberge encore plus de 104.000 réfugiés burundais, dont une majorité dans les camps de Nyarugusu et Nduta, situés dans la région de Kigoma au nord-ouest du pays.

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Photo : une pancarte d’indication du camp de Nyarugusu en Tanzanie © SOS Médias Burundi