Makamba : deux militants du CNL détenus illégalement pendant 16 jours avant leur transfert au parquet
SOS Médias Burundi
Makamba, 24 avril 2025 — Deux militants du parti d’opposition CNL (Congrès National pour la Liberté) ont été transférés ce mercredi 23 avril au cachot du parquet de Makamba, après avoir passé 16 jours en détention dans les geôles du commissariat communal de Kayogoro. Une durée qui dépasse de deux jours le délai légal fixé par la législation burundaise, qui limite la garde à vue à 14 jours maximum dans un poste de police.
Les personnes concernées sont Gatore Thierry et Ndayishimiye Thierry, arrêtés le 7 avril sur la colline Mugeni, commune de Kayogoro. Leur interpellation n’a pas été réalisée par la police judiciaire, mais par des Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, en l’occurrence Bikorimana Marc et Nsabimana Pierre, en coordination avec le commissaire communal. Une méthode qui suscite de nombreuses inquiétudes sur le respect des procédures légales.
Des tracts à l’origine de la répression
L’arrestation fait suite à la diffusion de tracts anonymes dans plusieurs localités de Kayogoro et dans d’autres provinces comme Rutana (sud-est), signés par un groupe se présentant comme Burundi Démocratie Libération Force – BDF Abisezerano. Ces documents, au ton critique envers le pouvoir, ont été associés à des membres du CNL, bien que leur implication directe n’ait jamais été prouvée.
Depuis, une campagne d’intimidation vise les militants du CNL. Plusieurs figures locales, dont Niyongabo Thérence (responsable du parti à Mugeni), Nyabenda Firmin et Jean Berchmans, ont été contraintes de fuir et de vivre dans la clandestinité depuis plus de deux semaines.
Une dérive préoccupante selon des défenseurs des droits humains
Pour de nombreux observateurs, cette affaire reflète une tendance inquiétante à la criminalisation de l’opposition à l’approche des élections législatives et communales de juin. L’implication d’acteurs non autorisés dans les arrestations, le non-respect des délais de détention, et le manque de transparence judiciaire sont des éléments dénoncés par les défenseurs des droits humains.
« Détenir des personnes au-delà du délai légal et sans mandat clair viole gravement les principes de l’État de droit. Et lorsque ce sont des civils politisés qui procèdent aux arrestations, on entre dans une zone de non-droit », alerte un membre d’une organisation locale de défense des droits humains, sous anonymat.
À ce jour, aucune communication officielle n’a été faite par le parquet de Makamba concernant les charges exactes retenues ni sur la durée de la détention préventive.
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Photo : le parquet de Makamba où les deux militants du CNL sont détenus © SOS Médias Burundi
