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Cibitoke : une sexagénaire tuée à la grenade, un conflit foncier en toile de fond

Une pancarte indiquant le chef-lieu de la commune de Mugina © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Cibitoke, 16 avril 2025 – Une femme de 65 ans, Venancia Ndikumasabo, a été tuée dans une attaque à la grenade dans la nuit du 15 avril sur la colline Nyempundu, en commune Mugina, dans la province de Cibitoke (nord-ouest du Burundi). Le crime, qui pourrait être lié à un ancien litige foncier, suscite l’indignation au sein de la population. Deux suspects ont déjà été arrêtés.

Selon des habitants de la zone Nyamakarabo, la grenade a été lancée à travers la fenêtre de la chambre de la victime vers 22 heures alors qu’elle dormait. L’explosion lui a été fatale.

Venancia Ndikumasabo, mère de huit enfants, venait tout juste de remporter un procès foncier vieux de plus de vingt ans, qui l’opposait à certains membres de sa belle-famille. La justice lui avait attribué un terrain de quatre hectares, une décision qui aurait ravivé des tensions au sein de la famille.

Une source sécuritaire locale évoque un possible règlement de compte et n’écarte pas l’implication de jeunes affiliés au parti CNDD-FDD. « Les Imbonerakure effectuent régulièrement des patrouilles nocturnes armées dans cette région frontalière avec le Rwanda. Ce sont souvent eux qui menacent la population », déclare un habitant sous couvert d’anonymat.

Un proche de la victime accuse ouvertement ces jeunes militants : « C’est un crime prémédité. Elle a gagné le procès, et voilà la réponse. »

Un des fils de la victime, très éprouvé, s’est confié à SOS Médias Burundi :
« Ma mère ne dérangeait personne. Elle s’est battue toute sa vie pour ce terrain, et maintenant qu’elle a obtenu justice, on l’a réduite au silence. Nous demandons que les auteurs soient jugés et que la justice protège les innocents. »

L’administratrice de la commune Mugina, Julienne Ndayihaya, confirme l’attaque et annonce l’arrestation de deux personnes. Elle appelle toutefois à la prudence : « Une enquête est en cours. Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. »

Ce drame, mêlant conflit foncier, tensions familiales et soupçons d’abus de pouvoir, relance le débat sur la sécurité des populations rurales à l’approche des élections du 5 juin. Les habitants réclament justice et une enquête impartiale.

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Photo : une pancarte indiquant le chef-lieu de la commune de Mugina © SOS Médias Burundi