Rwanda – Réduction drastique de l’assistance : les réfugiés face à l’inquiétude croissante
SOS Médias Burundi
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a annoncé une réduction significative de l’aide en espèces destinée aux réfugiés au Rwanda à partir d’avril 2025. Une décision motivée par un manque de financement, mais dont les conséquences humanitaires risquent d’être lourdes, notamment dans le camp de Mahama.
Mahama, 11 avril 2025- À compter de ce mois d’avril, les réfugiés vivant dans les camps au Rwanda verront leur assistance financière réduite de près de 50 %. Les réfugiés les plus vulnérables, classés en première catégorie, recevront désormais 5.600 francs rwandais (Rwf) au lieu de 8.500 Rwf. Ceux de la deuxième catégorie verront leur aide passer de 4.250 à 2.800 Rwf. Ces montants, déjà jugés insuffisants, servaient principalement à compléter l’alimentation de base par l’achat de légumes, de fruits et d’autres produits essentiels à une nutrition équilibrée.
« Même avec les montants précédents, la faim persistait. Aujourd’hui, avec cette réduction, nous ne pouvons qu’attendre le pire », confie un réfugié du camp de Mahama, situé dans l’Est du pays.
Un environnement de plus en plus précaire
Cette nouvelle mesure s’ajoute à une série de difficultés croissantes dans les camps. À Mahama, qui accueille plus de 76.000 réfugiés, les habitants font état d’un désespoir grandissant. La réduction de l’assistance pourrait entraîner une hausse du banditisme, une désintégration des structures familiales, ainsi qu’un risque accru de déscolarisation, notamment avec la menace de fermeture des cantines scolaires.
Par ailleurs, plusieurs organisations humanitaires actives dans le camp ont récemment cessé leurs opérations. C’est le cas de Prison Fellowship, tandis que Save the Children et World Vision ont drastiquement réduit leurs services. Cette contraction de l’aide humanitaire aggrave une situation déjà critique.
« La vie devient de plus en plus insupportable. Nous demandons au gouvernement rwandais d’intervenir ou de chercher d’autres donateurs pour combler le vide », déclare un représentant des réfugiés burundais. «Sinon, certains d’entre nous envisagent un retour forcé, malgré les risques. »
Une crise silencieuse
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) s’inquiète également de l’impact de cette réduction budgétaire sur la sécurité alimentaire et la stabilité sociale au sein des camps. La détérioration de la situation pourrait forcer des milliers de personnes à faire des choix désespérés.
En toile de fond, c’est toute la question du financement de l’aide humanitaire dans la région des Grands Lacs qui se pose. Les réfugiés, quant à eux, appellent à la solidarité internationale pour éviter que la crise ne s’aggrave davantage.
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Photo : un rassemblement de réfugiés dans le camp de Mahama à l’est du Rwanda © SOS Médias Burundi
