Bujumbura : quatre membres d’une même famille dont deux officiers de police et le secrétaire général de la Fédération Burundaise de Football incarcérés pour des échanges-WhatsApp sur la guerre en RDC
Quatre membres d’une même famille ont été incarcérés à la prison centrale de Mpimba, à Bujumbura, à la suite d’échanges sur un groupe WhatsApp familial portant sur la guerre en République Démocratique du Congo (RDC). Les messages en question auraient été jugés sensibles par les autorités, car certains saluaient la bravoure des rebelles du M23, un mouvement armé en conflit avec l’armée congolaise et ses alliés. L’armée burundaise a déployé près de 10.000 militaires pour appuyer les FARDC, l’armée congolaise et ses milices alliées contre le M23. Cette affaire met en lumière les tensions entre liberté d’expression, surveillance numérique et enjeux politiques au Burundi. (INFO SOS Médias Burundi)
Parmi les personnes arrêtées figurent deux officiers de police.
Kévin Nishimwe, lieutenant de police originaire de la colline Budaketwa (commune Mabanda, province Makamba- sud), arrêté le 13 février 2025.
Albert Ndayisaba, sous-lieutenant de police originaire de Maramvya (commune Burambi, province Rumonge-sud-ouest), interpellé le 23 février 2025.
Les deux autres détenus sont :
Manassé Nizigiyimana, cadre de l’organisation SWAA Burundi, originaire de Budaketwa, arrêté le 2 mars 2025. (Society for Women against AIDS in Africa-SWAA Burundi dispose notamment d’un centre de dépistage du VIH-SIDA).
Jérémie Manirakiza, secrétaire général de la Fédération de Football du Burundi (FFB), arrêté le 27 mars 2025 à l’aéroport international Melchior Ndadaye dans la capitale économique, à son retour d’une mission officielle au Maroc.
Le groupe WhatsApp concerné aurait été administré, entre autres, par le lieutenant-général de police André Ndayambaje, actuel secrétaire permanent chargé de la sécurité publique au ministère de l’Intérieur. Ce lien a contribué à attirer l’attention des services de renseignement, surtout après que certains membres du groupe ont transmis les échanges incriminés aux autorités.
Selon des sources proches du dossier, les quatre personnes ont été transférées à la prison centrale de Bujumbura dite Mpimba ce samedi 5 avril, au lendemain d’une audience à la chambre de conseil. Tandis que les trois premiers ont été entendus le mercredi précédent, Jérémie Manirakiza a été présenté à un juge vendredi dernier.
Une arrestation qui soulève des questions
L’arrestation de Jérémie Manirakiza a particulièrement surpris l’opinion publique. Ni la Fédération de Football du Burundi, ni les autorités judiciaires n’ont communiqué sur les raisons officielles de sa détention, alimentant les spéculations. Nos sources indiquent qu’en plus de ses propos dans le groupe WhatsApp, sa non-appartenance au parti au pouvoir, le CNDD-FDD, pourrait avoir joué en sa défaveur. Il occupait en effet un poste convoité par certains membres influents du parti présidentiel.
L’interpellation de Jérémie Manirakiza, secrétaire général de la Fédération de Football du Burundi, à son retour d’une mission officielle au Maroc, soulève de vives interrogations. Officiellement silencieuses, les autorités n’ont fourni aucune explication.
Cette affaire met une fois de plus en lumière les tensions croissantes autour de la liberté d’expression et de la surveillance numérique au Burundi. De simples échanges dans des groupes privés sont désormais susceptibles d’entraîner des accusations graves, si leur contenu est jugé hostile au régime ou portant atteinte à la sécurité nationale.
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Photo : À droite avec les lunettes, le secrétaire général de la FFB Jérémie Manirakiza s’assoie avec le général de brigade de police Alexandre Muyenge dit Manalex, président de la FFB. Les deux hommes rentraient d’une même mission officielle au Maroc quand Manirakiza a été arrêté à l’aéroport de Bujumbura, en présence du président de la FFB ©DR
