Flambée des prix du transport entre Rumonge, Bururi et Bujumbura : les passagers à bout de souffle

Depuis des semaines, les usagers des lignes Rumonge–Bujumbura et Rumonge–Bururi dénoncent une hausse vertigineuse des tarifs de transport. Les chauffeurs invoquent la crise du carburant, pendant que les passagers s’enfoncent dans la précarité. (INFO SOS Médias Burundi)
Sur les axes RN3 et RN16, la colère monte. Le prix du billet de transport entre Rumonge (sud-ouest) et Bujumbura, la ville commerciale, est passé de 10.000 à 15.000 francs burundais en l’espace de quelques jours. Un montant qui dépasse largement le tarif officiel fixé à 6.500 francs. Même constat sur la ligne Rumonge–Bururi (sud): les passagers paient désormais jusqu’à 15.000 francs, alors que le coût réglementé ne devrait pas excéder 5.000.
« Ce n’est plus tenable. On nous demande de payer plus du double du prix normal, sans explication, sans reçu, sans rien », déplore Étienne, un commerçant habitué à faire la navette entre Rumonge et Bujumbura. « Il y a deux semaines, je payais encore 10.000. Maintenant, c’est 15.000 ou tu restes sur place. »
Les transporteurs invoquent la pénurie de carburant
Du côté des chauffeurs, les justifications sont claires. « Avec la rareté du carburant, nous n’avons pas le choix. Nous nous approvisionnons sur le marché noir, et à des prix insoutenables », explique un conducteur de minibus sur la RN16. Selon plusieurs témoignages, un bidon de 20 litres de carburant se vend actuellement à 300.000 francs, et celui de 40 litres grimpe jusqu’à 600.000. Officiellement, les mêmes quantités s’achèteraient à 80 et 160 mille francs burundais, respectivement.
Cette situation est le reflet d’une crise énergétique plus large qui touche tout le pays.
Une crise du carburant qui paralyse le Burundi
Depuis plus de 48 mois, le Burundi fait face à une grave pénurie de carburant, provoquée par une baisse de ses réserves en devises et des difficultés d’importation. Les stations-service sont souvent à sec, et des files interminables s’y forment dès l’annonce d’un ravitaillement.
Les conséquences sont multiples : ralentissement du transport en commun, augmentation du coût des denrées alimentaires, perturbation des services hospitaliers et baisse de productivité dans de nombreux secteurs économiques.
Malgré des accords annoncés avec des partenaires régionaux pour améliorer l’approvisionnement, la situation reste critique sur le terrain.
Une population laissée à elle-même
Les passagers dénoncent l’inaction des autorités face à la spéculation. « Ce sont les plus pauvres qui paient le prix fort. Nous sommes abandonnés », dénonce Marie-Claire, vendeuse au marché de Rumonge. « On ne peut plus se déplacer, ni pour vendre, ni pour se soigner, ni même pour aller étudier. »
Face à cette flambée incontrôlée des tarifs, de nombreux usagers appellent le gouvernement à intervenir rapidement. Ils exigent non seulement une régulation stricte des prix du transport, mais aussi des mesures concrètes pour rétablir un approvisionnement stable et abordable en carburant.
« Ce n’est pas qu’un problème de transport, c’est un problème de survie », conclut un étudiant rencontré à la gare routière de Bururi.
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Photo : des passagers attendent un bus sur le parking principal au chef-lieu de Rumonge dans le sud-ouest du Burundi © SOS Médias Burundi