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Bujumbura : l’hôpital Universitaire de Kamenge submergé par l’afflux des patients

La suppression de la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes dans certaines structures de santé a entraîné une pression inédite sur les hôpitaux publics, en particulier l’hôpital Universitaire de Kamenge (HUK), qui peine à faire face à l’afflux de patients. (INFO SOS Médias Burundi)

Depuis la suspension de la gratuité des soins à l’hôpital adventiste Hope, situé en zone Ngagara de la commune Ntahangwa (nord de Bujumbura), les hôpitaux environnants ont été durement affectés.
Le service de maternité du HUK est aujourd’hui débordé, contraignant certaines patientes à dormir à même le sol faute de lits disponibles.

Des conditions d’hospitalisation précaires

Les femmes ayant accouché par voie basse doivent patienter de longues heures, voire des jours, dans les couloirs de la maternité avant de pouvoir quitter l’hôpital, faute de chambres. Les patientes ayant subi une césarienne sont encore plus touchées : certaines restent jusqu’à trois jours en salle de réveil ou sur un brancard, faute de places en unité d’hospitalisation.

« Il est très difficile, voire impossible, de nourrir correctement un nouveau-né dans ces conditions. Les mamans sont inconfortables et le personnel soignant ne peut rien y faire », confie une source hospitalière. Les salles de réveil étant constamment pleines, les couloirs sont envahis de patientes en attente d’une place, rendant même la circulation difficile.

Des patientes dorment à même le sol dans un couloir de l’hôpital Roi Khaled, mars 2025 © SOS Médias Burundi

Au-delà du manque de place, d’autres problèmes aggravent la situation : le déficit en matériel médical et les difficultés de connexion informatique, ce qui complique la gestion des dossiers de nombreux patients.

Un personnel médical sous pression

Face à cette situation, le personnel de la maternité est à bout. Une équipe doit prendre en charge les femmes enceintes programmées pour des césariennes, tandis qu’une autre s’occupe des accouchements par voie basse. Mais le sureffectif met les soignants en difficulté : certains jours, des mères doivent accoucher sans assistance, mettant leur vie et celle de leur enfant en danger.

« Nous sommes débordés. Il arrive que des patientes accouchent seules, sans aide médicale, faute de personnel disponible », déplore un infirmier.

En plus des patientes venant habituellement accoucher à l’hôpital, le HUK reçoit de nombreux cas compliqués en provenance de l’intérieur du pays. L’établissement fait partie des rares hôpitaux de Bujumbura (capitale économique) où la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans est encore en vigueur, ce qui accentue encore la saturation.

Des patients laissés dans l’attente

Le manque de chambres ne concerne pas seulement la maternité. D’autres services, comme la chirurgie, sont également affectés. Des patients attendent plusieurs jours avant de pouvoir être pris en charge, sans succès.

Une natte amenée par des patientes qui ne parviennent pas à trouver une chambre d’hospitalisation, mars 2025 © SOS Médias Burundi

« C’est une situation déplorable. Voir une femme qui vient d’accoucher dormir à même le sol est inacceptable », témoigne une patiente. Certaines, anticipant le manque de lits, viennent même avec leurs propres nattes.

Face à cette crise, des patientes demandent aux autorités de trouver une solution urgente. Une meilleure répartition des ressources et un soutien accéléré aux hôpitaux publics pourraient permettre d’atténuer ces difficultés croissantes.

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Photo : des femmes et leurs enfants dans une allée de l’hôpital Roi Khaled, mars 2025 © SOS Médias Burundi