Tanzanie : un réfugié burundais retrouvé décapité près du camp de Nduta
L’horreur frappe une nouvelle fois le camp de réfugiés de Nduta en Tanzanie. Rémy Ndayikeza, un réfugié burundais d’une trentaine d’années, a été retrouvé mort et mutilé après avoir disparu avec deux autres compagnons il y a environ deux semaines.Son corps en décomposition a été découvert dans un village voisin, confirmant les craintes d’un crime organisé. (INFO SOS Médias Burundi)
D’après les témoignages recueillis, Rémy et ses compagnons s’étaient rendus en dehors du camp pour acheter du bétail. Mais ce qui devait être une simple transaction commerciale s’est transformé en cauchemar. Un survivant, gravement blessé, a pu regagner le camp et témoigner.
« Nous avons été battus, blessés après nous avoir dépouillés de tout notre argent ». Le groupe est tombé dans une embuscade tendue par des hommes armés de machettes et de gourdins. Ce témoignage a permis d’orienter les recherches vers un village appelé Mubanga, où la macabre découverte a eu lieu.
Un corps mutilé et une inhumation controversée
Lorsque les réfugiés et la police sont arrivés sur les lieux, ils ont découvert le corps sans vie de Rémy Ndayikeza en état de décomposition avancée.
« Plusieurs parties de son corps étaient découpées et éparpillées à quelques mètres. Il a fallu les rassembler pour pouvoir l’identifier », confie un témoin.
Face à l’état du cadavre, la police a décidé d’inhumer immédiatement la victime sur place, suscitant l’indignation de sa famille. Son épouse a catégoriquement refusé d’assister aux funérailles, réclamant que son mari soit enterré au camp, auprès des siens. Mais ni le HCR ni les autorités tanzaniennes n’ont pris de mesures pour rapatrier le corps, un fait vivement critiqué par la communauté réfugiée.
Un crime organisé et des inquiétudes croissantes
Le mode opératoire des criminels suggère un assassinat prémédité. Les bouchers du camp estiment que les victimes ont été attirées dans un guet-apens par des individus se faisant passer pour des vendeurs de bétail.
« C’était un crime organisé et planifié », dénoncent-ils.
Les deux autres hommes portés disparus restent introuvables, et l’espoir de les retrouver vivants s’amenuise.
« Si au moins nous pouvions retrouver leurs corps, cela nous soulagerait », confie un réfugié sous le choc.
Des appels pressants à une meilleure protection
Ce drame vient s’ajouter à une recrudescence des actes de violence contre les réfugiés burundais en Tanzanie. Le camp de Nduta, qui abrite plus de 58 000 personnes, devient de plus en plus vulnérable face aux attaques extérieures.
Face à ce climat d’insécurité grandissant, les réfugiés réclament une protection renforcée et une enquête approfondie pour retrouver les auteurs de ce crime atroce. « Il faut que la Tanzanie et le HCR assument leur responsabilité et assurent notre sécurité », plaide un leader communautaire.
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Alors que l’enquête se poursuit, l’angoisse reste palpable au sein du camp. Beaucoup craignent que l’impunité ne fasse qu’encourager d’autres attaques, mettant en péril la vie de milliers de réfugiés qui espéraient trouver refuge loin de la violence qu’ils ont fuie.
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Photo : un réfugié burundais devant sa maison à Nduta © SOS Médias Burundi
