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Gihanga : une pénurie d’eau potable qui met en péril la population

Privés d’eau potable, les habitants de Gihanga en province de Bubanza (ouest du Burundi) doivent se rabattre sur les eaux des rivières, malgré les risques sanitaires. Les infrastructures existantes sont insuffisantes ou sabotées, et les solutions promises tardent à se concrétiser. (INFO SOS Médias Burundi)

Selon des sources locales, aucune source aménagée n’existe dans toute la commune. Les seuls points d’approvisionnement en eau potable proviennent de captages situés dans la forêt naturelle de la Kibira-côté Musigati, mais ces installations sont situées à une grande distance et les conduites d’eau sont régulièrement sabotées par des habitants d’autres communes.

« Les tuyaux sont souvent endommagés par des riverains mécontents qui ne supportent pas de voir l’eau destinée à Gihanga alors qu’eux-mêmes en manquent », expliquent des résidents de la commune.

Les techniciens de la Regideso, l’entreprise en charge de la distribution d’eau, interviennent régulièrement pour réparer les conduites, mais les sabotages incessants rendent la situation critique.

Un recours risqué aux eaux des rivières

Face à cette pénurie, de nombreux habitants n’ont d’autre choix que de se tourner vers les rivières. Or, cette eau est polluée et sa consommation expose la population à des maladies hydriques.

« Ici, à Gihanga et dans les collines avoisinantes, nous utilisons l’eau des rivières parce que les fontaines publiques sont à sec », témoignent des résidents.

Une fontaine qui dispose encore de quelques gouttes d’eau à Gihanga, février 2025 © SOS Médias Burundi

Un projet d’adduction d’eau souterraine, baptisé « Amazi Water », a été initié pour exploiter la nappe phréatique. Cependant, l’eau extraite s’avère impropre à la consommation : elle est salée, chaude et laisse apparaître des dépôts de rouille après quelques heures de stockage.

« Quand nous la puisons, elle est bouillante. Après quelques heures dans un récipient, des résidus rouillés se forment au fond. Nous craignons que cela soit dangereux pour notre santé », confie un habitant.

Des promesses non tenues

Les habitants de Gihanga dénoncent l’inaction des autorités malgré les engagements pris, notamment lors de la campagne électorale de 2020. « On nous avait promis des solutions. Deux lignes d’adduction ont été captées pour Kagwema et Buringa. Mais à Kagwema, aucune goutte n’a coulé et à Buringa, les tuyaux ont été emportés par la rivière Mpanda il y a trois mois », déplorent-ils.

Les responsables de la Regideso reconnaissent l’ampleur du problème mais pointent un manque de financements pour réaliser de nouveaux captages dans la Kibira.

« La situation est critique. Il faudrait des fonds pour développer de nouvelles infrastructures. En attendant, nous appelons l’administration et les forces de sécurité à empêcher le vol des raccordements existants », indiquent-ils.

Les habitants de Gihanga, livrés à eux-mêmes, espèrent que des mesures concrètes seront enfin prises pour garantir un accès à l’eau potable et préserver leur santé.

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Photo : des résidents de Gihanga sur un point d’eau qui n’en dispose presque plus, février 2025 © SOS Médias Burundi