Journée des droits de la femme- Burundi : fête ou commémoration ?
Chaque année, le 8 mars marque la Journée internationale des droits de la femme. Célébrée depuis 1910 sous divers thèmes, elle vise à mettre en lumière la lutte pour l’égalité des sexes et les droits des femmes.Cependant, au Burundi, cette journée suscite des interprétations divergentes.Alors que certaines femmes considèrent le 8 mars comme une occasion de réfléchir sur les avancées et les défis en matière de droits des femmes, d’autres y voient avant tout un jour de fête. (INFO SOS Médias Burundi)
Entre cérémonies officielles, sorties festives et publications sur les réseaux sociaux, cette journée prend différentes significations, selon les sensibilités et les niveaux de compréhension des enjeux.
Une prise de conscience grandissante
Pour une partie des femmes burundaises, en particulier les plus instruites, le 8 mars est une opportunité de faire le point sur la lutte pour l’égalité.
« Cette journée doit nous permettre d’évaluer le travail accompli, d’écouter les revendications et de réfléchir aux actions futures », explique une militante des droits humains.
À travers des conférences, des débats et des rencontres, elles souhaitent que cette date soit un moment de sensibilisation et de mobilisation pour les droits des femmes.
Le thème de cette année au Burundi, « Femme, pilier du développement. Soutenons-la pour l’atteinte de la vision 2040-2060 », souligne d’ailleurs l’importance d’un engagement collectif pour favoriser l’émancipation féminine et l’égalité des sexes.
La vision 2040-2060 consiste à faire du Burundi un pays émergent et développé, successivement.
Entre festivités et dérives
Cependant, une autre frange de la population perçoit le 8 mars différemment.
Certaines femmes profitent de cette journée pour organiser des festivités, arborer des pagnes aux motifs de l’événement ou partager des messages de vœux sur la messagerie WhatsApp.
«Beaucoup se contentent de poster des photos de leurs mères, sœurs ou amies en leur souhaitant une ‘bonne fête de la femme’, mais sans vraiment comprendre la portée historique de la journée », regrette une activiste.
D’autres encore saisissent l’occasion pour sortir tard, se retrouver entre amies et profiter d’un moment de détente, parfois marqué par des excès.
« C’est dommage, car au lieu de saluer le courage et l’engagement des femmes qui se battent pour leurs droits, certaines transforment cette journée en une simple fête », déplore une autre militante des droits de femmes.
Une nécessité d’harmoniser la compréhension du 8 mars
Si cette divergence d’interprétation persiste, elle met en évidence un besoin urgent de sensibilisation sur la véritable signification du 8 mars. À Bujumbura, la ville commerciale où toutes les agences des Nations-Unies et l’administration centrale sont concentrées comme ailleurs, certaines personnes choisissent même d’éviter les sorties ce jour-là, redoutant des comportements jugés « inappropriés ».
Pour que la Journée internationale des droits de la femme joue pleinement son rôle au Burundi, il est essentiel de parvenir à une compréhension commune de son importance. C’est à ce prix que le pays pourra réellement avancer vers sa vision d’un développement inclusif et équitable, où la femme occupe une place centrale.
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Photo : des femmes défilent au stade de Bubanza dans l’ouest du Burundi, le 8 mars 2025, DR
