Uvira : les combattants du groupe armé Twirwaneho ont repris Minembwe
Le groupement de villages de Minembwe, situé dans le territoire de Fizi, province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est tombé ce vendredi aux mains des combattants du groupe armé Twirwaneho. Cette prise intervient deux jours après la mort du colonel Makanika, chef militaire de ce groupe composé de membres de la communauté Banyamulenge, tué lors d’une attaque de drone. (INFO–SOS Médias Burundi)
Selon des témoins, toutes les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) situées notamment à Madegu, Runundu, Kiziba, Ilundu et Kakenge ont été occupées par les combattants de Twirwaneho.
« Nous avons capturé Minembwe. Les militaires ont abandonné plusieurs armes et munitions que nous avons également récupérées », a déclaré à SOS Médias Burundi un combattant du groupe armé Twirwaneho.
À Minembwe, plusieurs habitants sont sortis de chez eux pour exprimer leur joie après la prise de la localité. Des femmes ont chanté en allant à la rencontre des combattants.
« Nous sommes heureux, car les militaires des FARDC et les miliciens Maï-Maï pillaient nos vaches, tuaient les gens, volaient dans les champs et les maisons et violaient nos femmes et nos filles », ont témoigné des habitants.
Nous avons tenté de joindre un porte-parole des FARDC dans la région pour un commentaire, sans succès.
Réactions sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, des membres de la communauté Banyamulenge à travers le monde ont salué « le travail héroïque » du colonel Makanika, estimant que sa mort constitue « une graine qui produira de nombreux autres héros ».
Minembwe, peuplé majoritairement de Banyamulenge, est un groupement de villages situé dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu. Cette communauté, principalement composée de pasteurs, vit dans une insécurité persistante depuis 2017, attribuée aux FARDC, aux milices locales soutenues par les autorités congolaises et à des groupes armés étrangers.
Des craintes d’épuration ethnique
Maître Bernard Maingain, membre du collectif d’avocats défendant les parties civiles issues des communautés Banyamulenge, Tutsi congolais et Hema, dénonce une situation alarmante.
« Il y a une situation atroce qui prend les allures d’une épuration ethnique, voire d’un génocide », affirme-t-il.
Et d’ajouter : « Si la situation continue ainsi, dans quelques dizaines d’années, on finira par créer des réserves de Tutsi à l’est du Congo, comme cela s’est produit pour les Indiens en Amérique du Nord. »
Selon des activistes militant pour la cause des Banyamulenge, plus de 1 500 membres de cette communauté ont été tués depuis 2017.
Le groupe armé Twirwaneho, perçu par les Banyamulenge comme une force d’autodéfense, est également présenté par ses partisans comme « un mouvement de lutte pour notre survie ».
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Photo : des résidents venus pour manifester leur joie et acceuilir les combattants de Twirwaneho dans le centre de Madegu, DR
